CROKE PARK :21 Novembre 1920 Dimanche sanglant à Dublin.

Je ne suis pas un fana du sport, que ce soit sur les stades, à la télévision et encore moins pour mes lectures. Mais, lors de ma visite du festival « Bulles en Val » de Saint Denis en Val, le 26/02/2022,  la présence de Richard Guérineau, venu pour dédicacer notamment sa dernière BD Croke Park, a fait que je suis revenu sur mes principes (ou mes préjugés, comme on veut) et je me suis donc procuré ma deuxième (la première étant Michel Vaillant ) bande dessinée traitant d’un événement sportif.

L’album est paru dans la collection « Coup de tête » (nom faisant référence à une film de J-J Annaud de 1979) chez Delcourt : cette dernière, dirigée par l’auteur Kris, a pour objectif de publier des récits autour du sport, mêlant faits historiques authentiques et des problématiques sociales et politiques. 

Croke Park est le nom du stade de Dublin, où eurent lieu les événements dramatiques du Bloody Sunday du 21 novembre 1920. Le matin de ce jour, les Douze Apôtres, unité de l’IRA, dirigée par Michael Collins tuent des membres du Cairo Gang, espions anglais ayant pour mission d’éliminer les indépendantistes irlandais. En représailles, et pensant que l’IRA utilisait le match de bienfaisance entre Tipperary et Dublin pour couvrir les crimes du matin et cacher les tueurs parmi le public, les paramilitaires britanniques tirent sur les sportifs et le public sans aucun discernement (14 morts).

Nous suivons en parallèle le match Irlande-Angleterre du tournoi des VI nations de 2007, rencontre qui pour la première fois avait comme cadre le stade Croke Park. L’événement est évidemment chargé symboliquement en émotion.

Sylvain Gâche (auteur blésois), présent pendant le festival, évoquait, lors de son interview sur Méga FM, que son souhait était que l’on ressorte de la lecture plus riche de connaissances. Après la lecture de leur opus, je peux dire que sa mission est réussie. Le scénario, extrêmement documenté, dans une ambiance à la Peaky Blinders, est bien construit et didactique. Ainsi, j’ai appris que l’Angleterre, l’Irlande et l’Irlande du Nord avaient vécu quatre Bloody Sunday : en 1887, 1900, 1920 et 1972, ce dernier étant plus médiatisé grâce au film de Paul Greengrass (2002) et à la chanson de U2 (1983).

J’ai découvert que Croke Park était le plus grand stade d’Irlande et était utilisé pour les sports gaélique (football gaélique justement, hurling et Camogie).

Je sais maintenant ce qui signifie l’acronyme IRA (Irish Republican Army) et je suis désormais un peu moins ignorant au sujet de la guerre d’indépendance que mena l’Irlande contre la présence britannique.

L’ouvrage est complété par une partie documentaire passionnante et richement illustrée.

La lecture de cet album est aussi l’occasion de se délecter du trait élégant de Richard Guérineau et de son superbe encrage. L’artiste excelle pour représenter les scènes du match de 2007, maîtrisant à la perfection le mouvement et l’anatomie. Les couleurs réalisées par le dessinateur ont leur importance, elles sont traitées différemment afin de mettre en lumière les deux trames narratives. Elles sont très lumineuses en début d’album, le vert domine (l’Irlande oblige) puis les tons s’assombrissent à la fin de l’opus. J’avoue toutefois que j’aurais préféré une édition en noir et blanc, afin d’apprécier davantage la technique de l’illustrateur de l’incontournable « Chant des stryges ».

Chronique de Gédéon Groidanmamaison.

©Éditions Delcourt, 2022.

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