MUSÉE

Mais à quoi peuvent bien penser les œuvres d’art quand elles nous voient les admirer, nous entendent les critiquer ? Chabouté dans sa nouvelle bande dessinée Musée aux éditions Vents d’Ouest est allé à la rencontre des créations artistiques exposées au musée d’Orsay. Il nous relate avec authenticité et poésie ce qui éveille l’esprit des peintures et des sculptures exhibées. Quand les portes se referment, quand les lumières s’éteignent, commence alors la vie fascinante de ces réalisations que nous passons notre temps à observer.

Il y a des humains qui aiment palabrer, donner leur avis et pensent savoir tout sur tout ! Heureusement, il y en a d’autres qui apprécient le silence et qui gardent au fond d’eux ce qu’ils ressentent. Dans un musée, il nous faut faire avec les uns, comme avec les autres et parfois nous aimerions pouvoir nous retrouver seuls dans l’espace que nous traversons pour nous imprégner de toute cette beauté. Notre regard fixé sur la représentation, parcourt celle-ci avec attention et voudrait connaître les émotions qui ont habitées l’artiste lorsqu’il a appliqué son pinceau sur le tableau.  Explorer les courbes des figures taillées, martelées, polies et envisager d’appliquer nos mains sur l’arrondi d’un corps sculpté pour une caresse passionnelle.

A la nuit tombée, quand les visiteurs ont quitté les murs de l’enceinte, silhouettes de marbre ou de grès, personnages figés sur la toile, rentrent en action. Ils se retrouvent pour épiloguer, philosopher, se disputer ou encore retrouver l’être aimé qui est rangé dans une autre aile de la gare réaménagée.  Par la fenêtre, les mystères de notre époque se dévoilent: chars de métal sur quatre roues ou cet étrange rectangle que les humains se collent à l’oreille…. La journée, ils écoutent nos élucubrations, s’imprègnent de l’indifférence de quelques écoliers ou étudiants que des professeurs complaisants aimeraient initier au monde de l’art. D’autres essaient encore de rentrer en contact avec nous de manière discrète. Vous l’avez bien compris, les badauds qui s’imaginent qu’une visite consacrée à la magnificence de nos monuments historiques est ennuyeuse, n’ont clairement pas suffisamment ouvert leur conscience !

Je suis une inconditionnelle du noir et blanc depuis toujours et il y a pour moi des maîtres incontestés dans ce domaine. D’aucuns arrivent à me fasciner à chaque fois que je découvre une de leurs planches : Comès, Hugues Labiano, Bertrand Gatignol, Steve Cuzor et bien sûr Chabouté. Ils ont tous les cinq leur propre style, travaillent sur des récits différents, mais apposent ces deux tons avec brio. Notre auteur alsacien, transite entre les ouvrages sans texte comme le poétique Un peu de bois et d’acier, les adaptations de grands classiques : Moby Dick, Construire un feu et ses propres compositions, dont l’incroyable album Tout seul, tous édités chez Vents d’ouest. Parfois durs, souvent sensibles, mais toujours expressifs, les protagonistes qui traversent ses histoires nous interpellent par un réalisme édifiant. Nous aurions pu les croiser dans notre quartier, les avoir pour voisins, ils pourraient même faire partie de notre famille.

La prochaine fois que vous vous rendez dans un édifice consacré à la créativité, prenez le temps de vous arrêter un court instant devant une des productions qui vous captivera le plus. Essayez de deviner à quoi elle peut rêver et murmurez-lui discrètement des mots doux. Vous illuminerez sa journée et indubitablement la vôtre aussi…

Chronique de Nathalie Bétrix

© Vents d’Ouest, 2023.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s