Paul et Gaëtan Brizzi sont deux maîtres de l’illustration internationalement reconnus. Ils ont relevé avec brio le redoutable défi lancé par Olivier Souillé d’adapter en bande dessinée L’enfer de Dante Aleghieri, la première partie de la Divine Comédie écrite entre 1303 et 1321, une œuvre emblématique aux vers célébrissimes qui est toujours étudiée dans les grandes universités.
Ils ont réfléchi à la proposition du directeur artistique de la galerie Daniel Maghen. D’abord sceptiques devant l’ampleur du projet, ils ont peu à peu succombé à l’envie de réaliser à quatre mains pour l’éditeur et galeriste un très bel objet entre bande dessinée et artbook pourvu de pages satinées. Ils avaient également en ligne de mire une exposition des planches, en grand format, peu de temps après la parution dans un lieu prestigieux situé 36 rue du Louvre à Paris.
Pour cet immense chantier, ils ont pris le temps de la réflexion et lu différentes traductions afin de se familiariser à un poème complexe et riche.
Ils ont ensuite procédé à des choix importants, élagué et conservé les moments phares tout en privilégiant clairement la relation entre Dante et son accompagnateur Virgile parti en quête de sa bien-aimée Béatrice au paradis. Ils ont retravaillé la structure du récit en fonction de la déambulation des principaux acteurs et transformé le style indirect initial en un style direct net pour faciliter l’identification et faire ressentir aux lecteurs les émotions qui habitent Dante au fil des épreuves. C’est un parti pris fort qui rend le récit plus humain, plus immersif.
La dimension littéraire a été conservée, un excellent français, une approche très classique avec des dialogues écrits directement.
Après avoir pris pas mal de temps à réécrire l’histoire, ils ont exécuté un travail somptueux grâce à une technique traditionnelle maîtrisée.
Ils ont produit sur du papier bristol des images très détaillées au crayon graphite dans des gammes de gris. C’est un modus operandi idéal pour les nuances, dégradés er fondus.
Compte-tenu de la thématique le noir et blanc, propice aux contrastes s’est facilement imposé.
Ils se sont ensuite répartis les pages et pendant que Gaëtan entamait les décors, Paul se consacrait aux personnages.
Les frères Brizzi ont tiré profit de leur formation de cinéastes et des nombreuses années passées dans les studios Américains pour concevoir une mise en scène brillante et un livre qui transcende les codes conventionnels de la bande dessinée.
L’enfer de Dante est à la fois ambitieux et sublime. On peut saluer la qualité de l’adaptation et l’impressionnante prestation graphique. Doté d’une couverture magnifique, il s’adresse à un large public et nous donne furieusement envie de nous rapprocher de l’œuvre originale.
Chronique de Stéphane Berducat


© Daniel Maghen, 2023.
Très belle présentation ! Je suis très tenté par cet album me rappelant le plaisir éprouvé à la lecture de leur géniale adaptation des Contes Drolatiques d’Honoré de Balzac. Une belle performance de Paul et Gaëtan Brizzi, un vrai régal au niveau du texte et des dessins ! Merci de m’avoir fait connaître cette parution qui va rejoindre ma bibliothèque rapidement !
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