LA VENIN T5: Soleil de plomb

Qu’il est plaisant de relire une série dans son intégralité et de découvrir à quel point son auteur est parvenu à façonner un univers crédible et passionnant mais aussi à nous tenir parfaitement en haleine du début jusqu’à la fin.

La sortie de l’ultime volet de La venin intitulé  Soleil de plomb clôture avec finesse ce western au féminin édité par Rue de Sèvres et c’est avec regret que l’on quitte Emily et une saga qui fait déjà figure de référence.

Cet album est un tome de révélations mais également comme les précédents une belle réussite. Voici quelques éléments qui justifient ce joli succès commercial et critique.

Laurent Astier a pris le temps nécessaire pour concevoir un projet abouti et cohérent, plusieurs années pour mettre en cases un rêve de gosse. Il a accumulé les bonnes idées comme en témoignent ses couvertures qui nous renvoient aux cinq éléments.

Il a parfaitement digéré L’histoire populaire des États-Unis d’Howard Zinn ce qui avec des recherches conséquentes contribue à donner de l’épaisseur à un récit qui s’inscrit diaboliquement dans une histoire Américaine fascinante et tumultueuse. Ill use de judicieux rebondissements. Avec ses cahiers présents en fin de volet, il apporte de l’authenticité et l’outil adéquat pour prolonger la lecture.

 Il a repris à son compte le fait d’avoir une héroïne féminine ce qui est de plus en plus fréquent mais il a su composer un personnage complexe au potentiel sensuel évident. Chaque épisode apporte son lot de surprises et nous permet d’en savoir un peu plus sur Emily, une femme en colère, déterminée dont il nous dévoile les différentes facettes au fil des épisodes, par petites touches.

Avec La venin, le bédéiste fait figure de pionnier, il a offert un angle diffèrent sur l’univers masculin du western et ouvert la voie à d’autres séries et ce n’est sans doute qu’un début.

Il aborde des thématiques fortes, la place des femmes, la politique américaine, l’assassinat des présidents, le sort des Indiens, des enfants, le complotisme, le syndicalisme ou encore le racisme et signe au bout du compte une chronique captivante.

Le lecteur prend vite goût à des flash backs addictifs qui dynamisent la narration. L’enquête des Pinkerton, éternels Dupont et Dupont a tout du running gag.

Le découpage de l’artiste est tonitruant, il excelle pour alterner les séquences, ses planches de nuit, de tension donnent un côté polar excitant. Ave des cases aux formes variées il fait de sa fiction une matière vivante.

Depuis le troisième volet à partir duquel il a délégué les couleurs à son frère Stéphane, il consacre plus de temps à son dessin, fignole davantage et commet des décors ultra-travaillés, des monuments fouillés, des scènes de revue sublimes et dans le cinquième il donne aux paysages enneigés une dimension très particulière. L’aspect hivernal a quelque chose de magique.

Une montée en puissance au niveau du dessin est assez perceptible et ce feu d’artifice présent dans l’ultime volet est une pure merveille.

Avec cet ultime opus, son créateur a imaginé une fin forte mais il a eu l’intelligence de nous laisser avec une héroïne loin d’être apaisée et entourée d’un petit cercle féminin fort sympathique. On perçoit d’emblée le potentiel de cette petite corporation et on se prend à espérer car il y a encore pas mal de flou autour de certains acteurs. L’indien, l’ange gardien énigmatique ou encore Liberty conservent encore une belle part de mystère. Un hasard ou une porte ouverte à de nouvelles péripéties ?

Chronique de Stéphane Berducat.

© Rue de Sèvres, 2023.

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