FLASHPOINT BEYOND

On raconte qu’il existe un homme qui courait si vite, qu’il dépassait la vitesse de la lumière. Ce don lui permit de remonter le temps pour annuler purement et simplement le meurtre de sa mère. L’acte provoqua un effet papillon, le monde tel que l’avait connu Barry Allen se retrouva sens dessus dessous. Dans un moment de lucidité, Flash décida de ramener le statu-quo originel. Ce paradoxe disparut, du moins en apparence. Flashpoint Beyond paru aux éditions Urban Comics de Geoff Johns, Jeremy Adams, Tim Sheridan, Eduardo Risso, Xermanico, Mikel Janin, Trish Mulvihill, Romulo Fajardo Jr et Jordie Bellaire traite des conséquences et crises désastreuses dès lors que le super-héros se prend pour Dieu.

Thomas Wayne se réveille en sursaut de son bureau situé à l’étage le plus haut de son casino. Comment est-ce possible ? Il est censé reposer six pieds sous terre à côté de sa femme Martha pour que son fils puisse vivre. Allen en avait fait la promesse, ce qui n’est plus le cas. Bruce est décédé, L’Europe est toujours déchirée par le conflit opposant les Atlantes aux Amazones. Faites vos jeux, rien ne va plus !

Un nouvel assassin pointe le bout de son nez à Gotham et commet des crimes abjects. Après avoir accompli ses méfaits, le boucher vide les cadavres et remplace une partie des organes par des pièces d’horlogerie. Le modus operandi est aléatoire, le tueur frapperait apparemment au hasard. Sauf que Batman trouve un point commun entre les victimes.

De simples objets irradiés de tachyons comme une boule à neige et une montre appartenant à un célèbre gardien seraient la cause de cette réalité apocalyptique, quelque-chose clock…cloche ! Le Chevalier Noir part sur le sentier de la guerre.

Geoff Johns assisté de Jeremy Adams et Tim Sheridan marche sur les pas de la mini-série Knight Of Vengeance. Le trio de scénaristes maintient la pression ainsi que l’atmosphère crapuleuse développée par Brian Azzarello et Eduardo Risso. D’emblée, Flashpoint Beyond s’affirme comme un joli condensé de polar un brin cosmique. Geoff Johns revient en force et sérialise un tome de haute tenue, il rédige une extension solide de son crossover blockbuster. L’auteur en profite pour approfondir la psychologie torturée de son personnage principal sans cesse hanté par le fantôme du schizo-démentiel Joker nouvelle version. Le porteur de costume est dépeint comme un justicier féroce, vieillissant et violent. C’est une véritable bombe à retardement. L’intrigue se déploie grâce à une narration alternée entre Thomas et Bruce. Ici, il est surtout question d’homicides sinistres et d’infanticide. Johns ne nous a pas habitués à un traitement aussi glauque sur sa production commerciale, d’où l’intérêt. Nous voyageons entre territoire connu et terrain inconnu, les histoires parallèles s’y prêtent à merveille.

Eduardo Risso, Xermanico et Mikel Janin se partagent les crayons, le graphisme est survolté. Risso prend en charge le prologue, il alterne entre style classique et lavis de gris pour marquer la séparation des lieux à l’intérieur desquels se déroule l’action. Le talentueux argentin puise sa force dans la manière de capturer les expressions faciales. En bref, ses protagonistes ne manquent ni de charisme ni d’allure. On sent chez lui une recherche constante de perspectives et d’angles inédits voire impossibles pour mieux servir le synopsis. Xermanico accompagné de Mikel Janin prennent le relais et signent une performance graphique incroyable dans la composition illustrative extravagante et racée. La représentation s’agence avec finesse et justesse, elle est infaillible et ne souffre d’aucun défaut. Le découpage est ardent, les cases éclatent grâce à des formes multiples. Les décors sont omniprésents et remarquablement peaufinés. Les pleines et doubles-pages fissurent un gaufrier déjà robuste pour apporter du tempérament artistique à l’ensemble. Les ombres se couchent sur les planches à la perfection et de manière réaliste à l’aide de l’encre de chine, le noir sert d’outil narratif au récit. Niveau ambiance, la pénombre frôle l’excellence. Trish Mulvihill, Romulo Fajardo Jr et Jordie Bellaire utilisent un large spectre de couleurs à la fois foudroyantes, vives et enflammées. Les pigmentations sont chargées en électricité. Elles rentrent en contact, se heurtent, se collent et résistent à se séparer sur la même page. Le bleu aveugle, le rouge fait monter l’adrénaline, le vert terrasse et etc. Les coloristes produisent le choc esthétique idéal.

En conclusion, Flashpoint Beyond se hisse au niveau de la lecture stimulante et bienvenue. Cet album what if n’est pas encore prêt à sombrer dans un morne oubli sinon gare au courroux de la chauve-souris !   

Chronique de Vincent Lapalus.

© Urban Comics, 2023.

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