LE RITE

Le rite est une histoire de vengeance.

Un monde dur, de combats, de guerres, de conquêtes et d’exterminations ; des noms de tribus barbares qui accrochent les tympans, des armées en mouvements, un dessin en noir et blanc, sec et intense pour une nature minérale et froide, une violence latente… Une inscription dans le domaine de la fantasy aussi ; on croise des espèces humanoïdes, gigantesques ou atrophiées, parfois munies de dons particuliers, des centaures aux défenses proéminentes, un panthéon unique, des lames enchantées, un bestiaire fabuleux… En ce monde à l’allure inhospitalière, l’illusion et la magie sont à l’œuvre.

Et puis ce rite, mené par un sorcier kévark et dont on découvre la raison, la nature, l’ampleur au fil des pages. Dans cet univers créé de toutes pièces par Amaury Bündgen, aussi brillant scénariste que dessinateur, tout est acéré, le trait des paysages de montagnes, la ligne de mâchoires des guerriers, le fil de leurs armes, les mots… tout sauf ce sorcier au regard en amande, aux tatouages arrondis et à l’allure juvénile.

S’oppose alors la détermination tranquille d’un personnage unique et mystérieux, dont on redoute les pouvoirs, à la méfiance agressive du nombre… La véritable force n’est pas là où l’on pense.

Se déploie alors, en même temps que le rite s’opère, le détail des événements qui mènent à l’ultime vengeance. Le massacre d’un peuple entier, doux et quasiment sans défense pour satisfaire à la stratégie militaire d’une nation assoiffée de puissance. Feront des liens avec l’histoire du Tibet ceux qui le souhaitent… De ce rite et de cette vengeance, évidemment je ne vous dirai rien et vous engage à le découvrir vous-même ; en revanche, je ne peux taire le plaisir à découvrir cet univers surprenant. Il m’a semblé que l’absence de couleurs mettait davantage en lumière le travail sur les textures et les expressions des personnages. Le dessin regorge de détails et se suffit à lui-même pour de nombreuses vignettes ; le premier phylactère n’apparaît d’ailleurs qu’à la page 18, ce qui n’empêche en rien la compréhension de l’intrigue. La mise en page est plutôt traditionnelle avec un découpage en unités rectangulaires qui s’enchaînent aisément ; l’œil glisse d’une page à l’autre, et bientôt on referme cet album étonnant de 104 pages, édité chez Casterman, avec l’envie d’en savoir plus sur les enfants-des-poissons, les scornes, les drahols et ce qu’il adviendra d’Hardelin et Aalbek.

En somme un ouvrage de fantasy qui sort des standards habituels du genre et dont votre serviteur conseille le dépaysement !

Chronique de Louna Angèle.

© Casterman, 2021.

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