Les frontières du DOUANIER ROUSSEAU

Il faut 119 pages aux éditions Michel Lafon pour faire le tour des « frontières du Douanier Rousseau »… Un goût de trop peu si vous voulez mon avis !

On entre dans cet album de Mathieu Siam et Thibaut Lambert transporté au Palais de justice de Paris le 9 janvier 1909 pour assister au procès d’Henri Julien Rousseau, dit le douanier Rousseau. Lui sont reprochées la création de faux chèques et l’utilisation de ceux-ci à la banque de France lui ayant permis de retirer 21 billets de 1000 francs pour le compte d’un banquier véreux… la ligne de défense de l’accusé est pour le moins originale : il pensait tout simplement que les chèques étaient vrais ! Voilà le point de départ du brillant et très documenté scénario de Mathieu Siam pour nous faire découvrir cet artiste dont on ne connait bien souvent que quelques œuvres sans trop savoir d’où lui venait son inspiration et quelle était son histoire. Ce procès, qui a bien eu lieu et pour les faits reprochés, sert de prétexte à évoquer la biographie du Douanier Rousseau. On découvre alors ce qui l’a mené à la joie de peindre ainsi que les figures marquantes, illustres ou non, de son histoire.

Le code couleur de Thibaut Lambert est limpide pour se repérer : les éléments du procès en déclinaisons de sépia et bruns, les éléments de la vie du peintre en couleurs ; les illustrations à l’aquarelle sont à la fois douces et porteuses de quantités d’informations… Les vignettes arrondies aux contours un peu flou collent parfaitement à l’interrogation du lecteur : Rousseau était-il un doux dingue un peu évaporé perdu dans les paysages fabuleux qu’il peignait ou feignait-il la candeur devant le tribunal pour s’éviter une condamnation ? Le choix des épisodes, dépeints brillamment par le duo Siam et Lambert, donnent des pistes de réflexion mais ne tranche pas la question. Le procès se clôturera néanmoins par une peine de deux ans de prison avec sursis et une amende de 21 000 francs.

Au fil des pages on suit l’homme d’abord, douanier donc, travaillant pour l’Octroi de Paris puis l’artiste amateur, autodidacte, raillé pour la naïveté de son trait mais qui décroche néanmoins une carte de copiste au Louvre grâce à un ami, et enfin le peintre reconnu et soutenu par une part de ses contemporains. Vous croiserez donc Picasso et Gauguin, Apollinaire et Laurencin mais aussi Gérôme, soutien de la première heure, ou Cotton, collègue et ami de Rousseau, douanier lui aussi… ou encore Yadurgha, premier amour, muse d’une des toiles les plus célèbres du Douanier intitulée « Le rêve ».

A l’issue de cette bande dessinée, dans un carnet de quelques pages titré « Rousseau, l’intriguant précurseur », Mathieu Siam nous livre un ensemble d’éléments sur la genèse de cet album et sur son sentiment concernant son sujet ; une parfaite postface pour clore un petit bijou pour bédéphile néophyte ou averti et vrai coup de cœur de votre serviteur !

Chronique de Louna Angèle.

© Michel Lafon, 2022.

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Matatoune dit :

    Oui, moi aussi ce fut un ❤️.

    J’aime

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