L’INCROYABLE HISTOIRE DES ANIMAUX: Le grand récit des relations entre les animaux et les humains

Saviez-vous que l’observation du loup a aidé les Humains à apprendre à chasser ? Que les Romains avaient des murènes de compagnie ? Que si les chats n’avaient pas été perçus comme diaboliques, la peste aurait sans doute été moins forte ? Les arènes BD ont complété fin 2021 leur série encyclopédique et historique avec L’incroyable histoire des animaux, le grand récit des relations entre les animaux et les humains. Et c’est une mine de découvertes et d’informations que développe Karine-Lou Matignon, doublée d’une excellente mise en dessin par Olivier Martin. Attention, étudier les relations entre animaux et Humains, c’est faire le constat terrible de toute la souffrance que l’Humain a causé à l’ensemble du règne animal…

Au cours de son évolution, l’homme est continuellement lié aux animaux. Ce n’est pas un hasard si les premières peintures pariétales figurent des cochons et herbivores. D’abord proie, le genre Homo s’organise et affine au fil des milliers d’années ses techniques de chasse. Les créatures servent à tout : nourriture, vêtements, combustible, matériau de construction… Mais aussi décorations des sépultures, bijoux, outils. Et ils fascinent, au point d’être au cœur d’une spiritualité animiste.

À la Révolution Néolithique, pas moins de 200 espèces sont soumises à des essais de domestication. Modifiant les paysages, elle change à jamais les cycles biologiques et les sociétés humaines. Pour autant, et si les sacrifices sont souvent synonymes d’abattages massifs, certaines espèces restent respectées voire vénérées. Le végétarisme est déjà pensé par Plutarque, et Pythagore croyait à la réincarnation des âmes au sein du règne animal.

Alors que les animaux ont une place déterminante au sein des religions durant l’Antiquité, les théologiens rigoristes du début de l’ère chrétienne creusent une distance entre l’homme et les « bêtes ». Tortures, humiliations, procès, exécutions, éradications, objetisation… Le Moyen-Âge est une période noire pour la faune. Les Révolutions du XIXème siècle, loin d’être une délivrance, ouvrent la voie à l’expérimentation sous une forme horrible, ainsi qu’à l’élevage et l’abattage industriels. En se plaçant au sommet d’une pyramide, celui qui se pense le plus intelligent perd son humanité.

Mais en 1824, enfin, la première société de défense des animaux voit le jour en Angleterre. À l’heure où l’on se bat pour l’abolition de l’esclavage, il faut défendre toutes les catégories opprimées, y compris celle des autres espèces. La cause animale devient alors un combat politique, porté par les militants des droits Humains en France : Jean Jaurès, Victor Hugo, Abraham Lincoln, Martin Luther King, Gandhi… Darwin démontre que tous les êtres vivants sont issus d’une évolution commune, ainsi que notre parenté avec les grands singes. Diane Fossey, Biruté Galdikas et Jane Goodall confirmeront que gorilles, orangs-outans et chimpanzés partagent bien plus avec nous que ce que nous voulions croire jusqu’alors. Et s’il continue à y avoir utilisation et exploitation, nous apprenons aussi à imiter les bestioles, de leurs formes aérodynamiques à leur utilisation des plantes.

Le dessin, crayonné et détaillé avec brio, est sublimé par la mise en couleur à l’aquarelle, offrant des accidents donnant profondeur, corps et vie à l’album. Le découpage est soigneusement travaillé, pour jouer sur des mouvements pleins de vitalité, sortant du cadre et mettant en relief les individus. Craquez pour le louveteau allaité ; admirez la splendeur du lion, la force qui se dégage de l’ours, le courage du pigeon voyageur, l’intelligence simiesque ! Les nombreux passages insoutenables (de la crucifixion à l’immolation en passant par la trépanation ou au broyage) poussent à réfléchir : sommes-nous tellement plus évolués que les bourreaux obscurantistes du Moyen-Âge ?

L’épilogue nous entraîne dans une utopie, celle du jardin planétaire et d’une nouvelle voie de développement, basée sur une solidarité inter-espèces et une conscience écologique… Les primatologues japonais ont étudié les singes d’une île, à une époque où ils ont appris petit à petit à laver leurs patates douces. Même les séniors, les plus réticents, ont fini par adopter cette préparation de leur nourriture. Les petits qui ne lavent pas leur patate se font désormais gifler. Et il faut sans doute une claque comme celle que l’on prend à la lecture de cet ouvrage pour ouvrir les yeux et changer son logiciel de pensée !

Chronique de Mélanie Huguet -Friedel.

© Les Arènes BD, 2022.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s