Aux éditions Rue de Sèvres, ils ont apparemment fait le pari audacieux de dépoussiérer la philo ! De prime abord, la philosophie et ses concepts peuvent sembler complexes et parfois même un peu indigestes… mais quand ils sont servis en Philocomix, le pari de la vulgarisation efficace et pertinente est largement réussi.
C’est ici le troisième tome de cette collection « Métro, boulot, cogito » qui m’amène. Avec Jean-Philippe THIVET et Jérôme VERMER au scénario, c’est la notion de travail qui est très sérieusement traitée et à travers elle une interrogation plus large sur notre épanouissement personnel et la fondation d’une société plus harmonieuse. En quatrième de couverture la question est clairement posée : le travail nous rend-il heureux ou malheureux ? Pour y répondre, enfin pour faire en sorte que vous soyez en mesure à l’issue de votre lecture d’être capable d’y réfléchir vous-même 😉, ce troisième opus est scindé en chapitres développant les théories d’un philosophe et rangés par ordre chronologique. Au début de chaque chapitre, sont posés une biographie succincte et le contexte de la réflexion sur la notion de travail du philosophe choisi. Vous trouverez les théories de dix penseurs, de Socrate à Bertrand Russell en passant par René Descartes, Friedrich Hegel, Karl Marx ou encore Martin Heidegger. En fin d’ouvrage, une bibliographie détaillée peut permettre de pousser plus avant la réflexion.
Jusque-là, pas de quoi détourner un bédéphile pur jus du droit chemin me direz-vous ! Et bien si ! Parce que l’adaptation en bandes dessinées de M. LA MINE fait vraiment très bien le job. La mise en page alterne les vignettes carrées classiques et des doubles-pages à thèmes, inclus parfois des schémas de simplification à l’utilité pédagogique indéniable sans se départir d’un humour de bon aloi. Le dessinateur alterne également les pages au dessin riche et foisonnant et les pages plus dépouillées et davantage centrées sur le propos que sur la forme ; mais là encore la simplicité du trait n’est pas simplisme et c’est bien au service de la compréhension de l’idée que l’illustration excelle. Le choix des couleurs rend la chose attirante, le regard se promène tranquillement sur les personnages croqués, la lecture est aisée et sans s’en rendre compte, un nouveau concept fait son chemin dans tes pensées.
Quand pour moi, la dialectique du maître et de l’esclave chez Hegel, thèse, antithèse, synthèse, devient limpide grâce des p’tits bonshommes en forme d’étoile de mer et des phylactères colorés, je dis merci et j’attends le quatrième tome 😊.
Chronique de Louna Angèle.

©Rue de Sèvres, 2022.