CONVOI

Convoi de Kevan Stevens et Jef aux éditions Soleil est une bande dessinée complètement barrée !

Le scénario rappelle clairement celui du génial et esthétique film Mad Max Fury Road de George Miller (mélangé au 2ème opus du même réalisateur), et il en a la simplicité : une jeune femme au fort tempérament – Alex – doit, avec une équipe hétéroclite, convoyer un chargement de médicaments du Havre à Marseille au volant de son énorme camion armé dans une France post-apocalyptique…

Mais ce serait une grossière erreur de le voir comme un plagiat ! C’est un hommage … Si la filiation madmaxienne est évidente, les références sont nombreuses et variées (Thelma et Louise, Temps X, Dragon Ball Z …).

La galerie de personnages vaut le détour : outre Alex, féminine et féministe, on côtoie Jean-Pascal de Parnicieux dit « Fonzy », fan de Dick Rivers, Steph de Monaque, au look d’influenceuse caricatural, Jean-Michel Jaquesson, transgenre improbable, Dr Tiago, ersatz de Tortue Géniale ou les frères Bogdonaff (il n’y a pas de faute de frappe) … sans oublier un pingouin qui passe son temps à faire des citations décalées. Tous ces phénomènes ont d’ailleurs droit à une petite fiche d’identité donnant leur nom, âge, nationalité, genre sexuel et religion, ces deux derniers items à l’aide de qualificatifs complètement ésotériques (et fruit de l’imagination délirante des auteurs).

Les dessins de Jef sont magnifiques. On pourra y trouver l’influence de Moëbius (L’Incal) et celle de Katsuhiro Otomo (Akira). Les couleurs douces introduisent un intéressant contraste avec le cadre violent de l’histoire et le trait nerveux qui caractérise son style. Bref, c’est propre, c’est soigné, c’est détaillé, en particulier au niveau des véhicules représentés : 4L, DS, 205 et même… Solex (n’’oublions pas que l’action se déroule en France) ! On appréciera à cet égard l’annexe présentant plusieurs dessins de véhicules en noir et blanc et colorisés ainsi que des photos des modèles réduits ayant servi à la réalisation de certaines scènes.

Tout ceci est servi par des dialogues percutants, incisifs et drôles. On pourrait presque parler de textes à la Audiard version 2022.

Le résultat de ce cocktail délirant n’est pas non plus sans rappeler Hard Boiled (F. Miller / G. Darrow / C. Legris) ou Shaolin Cowboy (G. Darrow) tant graphiquement que pour ce qui est du côté déjanté…

Alors, évidemment, Convoi n’est pas à mettre entre toutes les mains et il reste destiné à un public averti mais ça se lit comme on savoure un bon plat bien régressif. Que du bonheur !

Chronique d’ Éric Descombes.

©Éditions Soleil, 2022.

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