LE GOÛT DU SANG

Ceci n’est pas l’histoire d’un boucher, mais assurément celle d’une boucherie ! Le goût du sang de l’auteur Suisse Debuhme, publié par Le Lombard, n’est certes pas un ouvrage à proposer aux non carnassiers ! Equipez-vous d’un tablier, d’une hache et d’un couteau, aujourd’hui on se rend à l’abattoir…

Ça ne fait pas longtemps qu’Aldo a retrouvé la liberté et le voilà déjà paumé au beau milieu de la nature à bord d’une vieille guimbarde. Le GPS l’envoie valdinguer au bas d’un talus, on ne peut pas vraiment dire que sa sortie de prison lui ait porté chance. Perdu dans un no man’s land, il découvre une ferme, où résident une femme et son chien. Au moment où il les surprend, la donzelle tranche la tête d’un poulet. L’animal détalle à vive allure et fonce sur notre gaillard. Il a beau être un truand, Aldo n’aime pas la vue du sang et tombe dans les pommes !

La fermière, peu aimable, accepte que le bandit récupère une nuit dans son nid, mais après cela, il est prié de prendre ses cliques et ses claques et de se trouver un autre endroit où crécher. Pendant la nuit, l’éclopé à une petite fringale et se rend à la cuisine pour y dégoter de quoi grailler. Ne trouvant que les restes du volatile dans le frigo, il pousse l’exploration plus en avant dans la maison et déniche dans le cellier un congélateur prometteur. Le contenu est des plus renversants. Il y découvre le mari de son hôte découpé en plusieurs morceaux. Un coup de poêle lui fracasse le crâne et quand il reprend ses esprits, il est ligoté sur une chaise au fond de la cave. S’ensuit une altercation houleuse qui se termine par une alliance plus que douteuse. Finalement, dans le cercle très fermé des mafieux, nos deux nouveaux « meilleurs amis » vont se rendre compte qu’ils ont été manipulés et que leur rencontre va leur être d’une grande utilité !

Après son titre aux éditions Le Lombard De la nécessité d’avoir un ours chez soi l’artiste nous revient avec une production singulière. Energique, drôle et complètement déjantée, je n’ai repéré aucun temps mort dans le récit. Tel un bolide lancé à vive allure, on agrippe son volant à pleine main et on espère qu’il ne nous arrivera rien en chemin ! Extrêmement bien menée et ficelée, cette aventure qui se déroule dans le milieu de la mafia n’a rien à envier aux meilleurs polars. Bien au contraire ! Si on y discerne tout ce qui est nécessaire à une bonne intrigue policière, son côté pittoresque est clairement son plus grand atout.

Debuhme, de son vrai nom Philippe Bauman, a suivi les cours de la haute école de Saint-Luc à Liège. Il évolue entre le dessin de presse, l’illustration et la bande dessinée. En 2016, il remporte le prix Raymond Leblanc de la jeune création, ce qui lui permet de publier en 2018 son premier album au Lombard.

Cet été comme il va faire bien chaud, pourquoi ne pas aller faire un tour dans le congélo ? Et si vous avez un peu de chance, vous y dénicherez une bière bien fraîche et non pas comme Aldo un macchabé décati. Allez, santé et bon appétit !

Chronique de Nathalie Bétrix.

©Le Lombard, 2022.

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