LE DROIT DU SOL

J’ai découvert Étienne Davodeau avec  Rural !  (paru en 2001), où il nous invitait à réfléchir sur les pratiques agricoles et – déjà – l’utilisation du sol – à travers un reportage engagé. Depuis, je ne l’ai plus lâché. Un peu plus tard, je me suis intéressée à la maison d’édition Futuropolis, et j’ai appris à suivre de près ses parutions, pour la qualité des ouvrages, des récits souvent ancrés dans le réel (et sans doute aussi puisqu’ Etienne Davodeau y est, je pense, un pilier). C’est dire si j’attendais Le droit du sol , dernière parution de l’artiste, chez Futuro, donc. Je ne suis pas déçue, c’est mon plus beau cadeau d’anniversaire cette année !

Comme pour Rural !, le récit offre un regard croisé entre deux pratiques laissant leurs traces, celles passées des peintures rupestres de Pech Merle, d’une part, et celles futures du projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure, de l’autre. Cette fois-ci, il nous invite à marcher à ses côtés, pour une randonnée de 800 km reliant ces deux lieux.

En donnant à la randonnée une place centrale, le scénariste nous offre un récit immersif, fluide qui reste accessible – avant tout une expérience sensible. Les informations sont claires, pas trop techniques, elles permettent au lecteur de cheminer dans son analyse. Le reportage est riche en rencontres : experts, habitants locaux croisés sur la route, marcheurs et enfin militants et habitants de Bure. Il détaille les thématiques croisées, et développe également des sujets connexes et variés, allant des droits de l’homme à l’imprimerie. Cette mise en perspective apporte un éclairage nouveau sur certains choix politiques, certaines postures étatiques. Non sans quelques traits d’humour et une bonne dose d’humanité, qui donnent une belle saveur à cet ouvrage.

Sur le plan graphique, nous retrouvons le choix de prédilection de l’auteur, de l’aquarelle en noir et blanc – et cela fonctionne toujours très bien. Si Davodeau ne se définit en général pas en premier comme un dessinateur, le très bel équilibre entre le texte et les images, le partage généreux des paysages et ambiances traversés participe à nous mettre dans le rythme de cette grande randonnée. Le lecteur traverse avec plaisir le Massif central et le Morvan avec son guide, qui offre son regard aiguisé sur les territoires. Il plonge avec lui, un coup les pieds dans le ruisseau, un autre la tête dans les étoiles, et finit par braver les interdits.

Le style agréable propre au bédéiste nous amène finalement avec légèreté à nous poser une question fondamentale : quelle trace souhaitons-nous laisser dans la terre et sur Terre ? Et de quelle Terre vont hériter nos enfants ?

C’ est une BD au côté militant et partisan totalement assumé.

Chronique de Mélanie Huguet – Friedel

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