Préparez-vous à une chute vertigineuse dans les bas-fonds du Murphyverse avec Batman White Knight : Harley Quinn aux éditions Urban Comics. Il y a une ancienne criminelle repentie comme nouvelle justicière dans la ville de la chauve-souris et elle nous est présentée par Katana Collins, Matteo Scalera et Dave Stewart.
Après Curse Of The White Knight, Batman grâce à l’apparition musclée d’Azrael et avec l’aide du GTO a ramené l’ordre à Gotham City mais cela va s’accompagner de quelques désagréments. Bruce Wayne est jeté en prison, Jean-Paul Valley gît entre quatre planches et Jack Napier a rejoint le paradis des hommes sans tête.
Il ne reste plus qu’Harleen Quinzel, désormais mère célibataire qui élève en solo ses jumeaux Bryce et Jackie avec ses deux hyènes comme chiens de garde. Elle tente de faire table rase de son passé de super-vilaine et souhaite se réhabiliter aux yeux de la société gothamite. Mais c’est très compliqué quand on a été la compagne du clown psychopathe et que l’on possède une personnalité fragile en plus d’être fragmentée.
Harley ne sait plus qui elle est exactement. La psychiatre, la méchante arlequine, l’appui occasionnel pour les porteurs de capes ou tout simplement une maman comme tant d’autres ? Renée Montoya et Duke, les piliers de la refonte du GCPD, prennent contact avec elle et requièrent ses talents de profileuse afin de résoudre une sale affaire.
Des célébrités de l’âge d’or du cinéma telles que Lily O’Rourke et James Turner meurent tandis que Simon Trent ou Sofia Valentine frôlent la correctionnelle et sont à deux doigts d’y passer également. Ces crimes seraient l’œuvre d’un certain Producteur et d’une soi-disant Starlette. Ils représentent le nouveau visage du crime organisé et souhaitent reconquérir les rues de la cité en se débarrassant de vieilles «étoiles» hollywoodiennes sur le retour. Mais quelles peuvent être les motivations profondes de ce world’s finest d’assassins ?
Qui mieux qu’Harley peut comprendre la mentalité meurtrière lorsque l’on a été si proche du précipice de la folie ? Par le passé, la métropole du Chevalier Noir fut le théâtre de batailles sanglantes mais la miss Quinzel peut compter sur le soutien de Bruce, Leslie sa nounou, Montoya et Duke. Tout a un lien, il ne reste plus à Harley qu’à emboîter correctement les pièces de cet immense puzzle pour démêler les affres de cette enquête sordide et quelque-peu surréaliste. Faux innocent, vrai coupable ou inversement ? Reste à savoir…
Katana Collins est une écrivaine américaine internationalement reconnue pour ses personnages féminins irrévérencieux et ses héros durs à cuire issus de ses romances contemporaines. Elle partage la trame du synopsis avec son compagnon Sean Gordon Murphy mais prend en charge pour la première fois les commandes d’un scénario de bande dessinée. Le changement de support aurait pu s’avérer délicat mais il n’en est rien, l’auteure maîtrise l’art du cliffhanger pour chaque chapitre. Elle approfondit la psychologie des personnages. Les dialogues évitent les lourdeurs inutiles, ils sont affûtés comme une lame. Le rythme du récit est soutenu, il capte l’attention et tient en haleine jusqu’à sa conclusion. Ce script opiniâtre se veut à l’image d’une Harleen Quinzel nouvellement obstinée et résolue. Katana Collins provoque des remous dans l’univers de Batman en empruntant des éléments ici et là, elle n’en oublie pas pour autant de secouer le lecteur. C’est un début en fanfare dans le monde du comic-book.
Matteo Scalera prend le taureau par les cornes pour relever le défi en s’attaquant à la franchise du Caped Crusader, quelle prestation ! L’artisan italien met les petits plats dans les grands avec la machine à broyer commerciale du justicier masqué puisqu’il livre des planches splendides et surtout dans la continuité du travail de Sean Gordon Murphy. Le crayonné ne manque pas de punch, le trait est pointilleux et speed. Les perspectives sont stupéfiantes, extrêmement soignées. La mise en scène est ahurissante en plus de sidérer par l’utilisation de gaufriers insensés limite explosifs, Scalera prouve son talent dans l’exploitation du dynamisme. Il surligne son esquisse avec une couche noire fine, précise. L’illustrateur applique un encrage au lavis de gris, cette technique de dégradé permet à l’image de gagner en dimension. Ce rendu améliore grandement la partie graphique à la fois intense et élégante.
Dave Stewart parachève ce superbe design avec sa colorisation, les nuances se posent en profondeur voire avec raffinement. La qualité esthétique des couleurs se distingue jusque dans les proportions, le style est harmonieux. Il n’y a pas photo, le dessin déborde de vie et d’action.
Faites-bien gaffe car avec cette écervelée complètement chtarbée, vous courez le risque de prendre un sacré coup sur la tronche. La nana la plus badass créée par Paul Dini n’a jamais été aussi magnétique, charmante et émouvante. Enjoy !
Chronique de Vincent Lapalus.