Écoute jolie Màrcia , c’est la dernière réalisation de Marcello Quintanilha éditée par ça et là, un one shot grand format retenu par l’Acbd dans sa sélection pour le grand prix, un choix pertinent car l’album brille par sa qualité narrative et graphique.
C’est un livre qui interpelle et captive immédiatement grâce à sa puissance et son originalité.
Le ciel est vert, la palette limitée de couleurs est pastelle, rose, jaune, violet. Le rendu est plutôt tendre… Et pourtant c’est bien le quotidien très dur d’une favela de Rio que dessine le bédéiste brésilien.
Si les couleurs peuvent surprendre, comme le dessin très loin des œuvres précédentes comme Tungstène, on rentre très vite et très facilement dans la vie de la courageuse Màrcia, infirmière et mère d’une jeune femme en dérive.
Surprenant aussi, mais très réussi pour être au plus proche des personnages, les choix de plongée/contre-plongée et gros plan. Mais quelle excellente manière de rendre compte des expressions de colère face à la violence des gangs de la favela, de tendresse entre Marcìa et ceux qu’elle aime, de douleur lorsque la vie se complique encore plus… Impossible de ne pas éprouver de l’empathie pour cette héroïne du quotidien, avec qui on souffre, mais aussi on aime.
Et si Màrcia est jolie, ça n’est pas forcément parce qu’elle correspond aux canons de beauté. C’est parce qu’elle occupe toujours des autres avant de penser à elle, et parce que la chanson le dit, « Escuta, formosa Màrcia », qui explique le titre de la BD.
Finalement Écoute jolie Màrcia est comme un film, avec cette musique pour BO et pour cadre la favela, qui certes s’illustre par de la violence, mais aussi par de la douceur et de l’amour, celui d’une femme, d’une infirmière, d’une mère, d’une amoureuse. Et c’est de ressentir profondément toutes ces facettes du personnage qui donne sa force à la BD de Marcello Quitanilha.
Chronique de Maryse Broustail.