Le nageur solitaire : Voyage en 2020 – année hystérique

Quand Olivier Grenson a eu l’idée de ce livre, il ne savait pas encore que 2020 allait changer notre existence à toutes et à tous. L’idée a germé fin 2019. Il utilise un agenda dans lequel, tous les jours, il réalise un dessin. C’est par ce biais qu’il donne figure à son séduisant héros. Ce travail subtil et titanesque a pris la forme d’un roman graphique aux éditions Kennes et s’intitule Le nageur solitaire: Voyage en 2020 : année hystérique.

Nous suivons au fil de l’année le jeune homme au regard mutin dans ses pérégrinations aquatiques et fantasmagoriques. Le récit le mène sous les eaux, sur la terre et dans les airs. Affublé d’un maillot noir et d’un bonnet de bain rouge, il traverse de somptueux paysages et rencontre une faune bigarrée et multicolore composée de poissons, cétacés et autres vertébrés, ainsi que des volatiles aux teintes chamarrées, un canidé et un singe curieux et joueur tout cela dans des paysages à la flore foisonnante ou urbaine.

Lors de son escapade, il croise la route d’une naïade aux cheveux de jais et au regard noir velours qui prend épisodiquement l’allure d’une sirène, d’un centaure, change de visage, apparaît et disparaît à sa guise. Dans ce monde féerique et constellé d’êtres captivants, tout semble surgir d’un rêve hypnotique et enivrant.

L’auteur à parsemé cet album de nombreux croquis en crayonnés noirs et rouges réhaussés, parfois, de couleurs chatoyantes. Il oscille entre la bande dessinée et le recueil d’illustrations, et est agrémenté de petits textes composés par le bédéiste et par d’autres empruntés à des personnalités célèbres.

Cette immersion dans le carnet d’Olivier Grenson fut pour moi comme une délivrance. Enfermée dans les ténèbres depuis trop longtemps, je me suis tenue au côté de ce nageur et l’accompagner dans son cheminement philosophique et cosmique, m’a réconciliée avec moi-même. Il ressort de cet ouvrage une telle sérénité et bienveillance, qu’il m’a apporté la paix.  Céleste et irréel, l’accomplissement mystique de ce juvénile complice, m’a réconfortée dans ma recherche spirituelle. Tout n’est que douceur et légèreté. Même si l’on sent que par moment une certaine noirceur rode et qu’elle aimerait faire surface, on s’aperçoit vite que tout cet enchantement n’apporte que l’épanouissement.

L’artiste aux multiples talents, m’a fait vibrer avec plusieurs de ses titres : La femme accident, avec au scénario Denis Lapière, Douceur de l’enfer, dont une intégrale vient de sortir et surtout le prodigieux La fée assassine au côté de Sylvie Roge, intrigue troublante où l’on assiste à la descente aux enfers de deux jumelles. Chacune des compositions de ce dessinateur doué est soulignée d’une sensibilité absolue et d’élégance.

Cette création est assurément inclassable, mais pour moi il est évident que tout ce qui est atypique m’attire et le nageur solitaire a su m’entraîner au-delà de tout ce que j’aurai pu souhaiter ou rêver. Dans une réalité où la pandémie n’en finit pas de nous rappeler que vivre n’est pas toujours simple, la lecture d’une telle histoire ne peut que nous réconcilier avec la vie. Eblouissant !

Chronique de Nathalie Bétrix

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