Hellblazer Rise and Fall

Il se passe toujours quelque chose d’étrange dans les recoins sombres de la perfide Albion, les faits sont assez étonnants d’ailleurs. Comme par exemple, des mecs qui tombent du ciel avec des extensions célestes dans le dos. Ils s’empalent ou se ramassent à la petite cuillère sur le bitume. Et qui se radine pour filer un coup de main à son enquêtrice de copine ? Je vous le donne en mille, ce gros enfoiré de Constantine ! Hellblazer Rise and Fall est scénarisé par Tom Taylor, dessiné et colorisé par Darick Robertson et Diego Rodriguez. Ce nouvel opus infernal du spécialiste de l’occulte est traduit au sein du Black Label par les éditions Urban Comics.

Billy Anderson, Aisha Bukhari et John Constantine sont des amis d’enfance. Leur délire de jeunesse était un jeu qui consistait à ouvrir un portail pour les Enfers. Maintenant, ils ont tous bien grandi. Billy, le gosse de riche est décédé après avoir été emporté par une montée des eaux. Aisha est désormais flic à la P.J. londonienne et John est devenu le salopard que l’on connaît.  

Retour au présent, un type à poil avec des ailes cousues sur l’épine dorsale chute et s’embroche sur une croix. Aisha et son équipier Gary sont dépêchés pour s’occuper de cette sordide affaire. Lors d’une visite à la morgue, le duo d’enquêteurs surprend un suspect cagoulé en train de voler les ailettes sur le cadavre. Ils le prennent en chasse mais perdent sa trace. Constantine surgit de l’ombre puis prend connaissance des événements qui baignent dans une sorcellerie malfaisante. Il n’en faut pas plus pour que le Hellblazer y porte de l’intérêt. Mais un autre meurtre s’ensuit et Gary y passe également. L’assassin laisse un message en forme de pentacle à l’attention de Constantine. C’est encore un bordel bien pourri dans lequel trempe John.

Pour couronner le tout, le grand Satan lui-même débarque sur Terre pour apporter son aide. L’étoile du matin avouera à John que l’unique responsable de ce carnage n’est autre que Despondeo. C’est un démon mineur qui se nourrit du désespoir pour gagner en puissance (au vu du climat ambiant) avec le risque pour Lucifer de se faire détrôner des abîmes. Comment Constantine, notre mage escroc va-t-il résoudre ceci ? Comme il le fait habituellement, avec une bonne pinte, une séance de sieste bien crapuleuse, à grands renforts d’incantations, de coups de bluff ou de Trafalgar, de monologues et de Silk Cut. Mais quel que soit son camp, il n’est jamais bon de pactiser avec les anges déchus !

Tom Taylor, après Brian Azzarello et Jason Aaron, est le troisième auteur américain à bénéficier de la confiance du leitmotiv de Vertigo avec Hellblazer. Il faut bien reconnaître que le bonhomme s’en tire avec les honneurs. Et quelle prestation, le lecteur s’immerge dans du Constantine pur jus. Après quelques années d’errance dans l’univers classique, le personnage fait un retour en force sous la plume de l’auteur dans le paysage éditorial adulte de DC Comics. Le scénariste reprend tous les ingrédients qui font le charme du titre, plus spécialement le ton irrévérencieux et la sensibilité british imposés par ses cousins anglais. Le récit s’agence dans une atmosphère endiablée aux relents de souffre. Ses écrits sont constitués d’une intrigue surnaturelle empreinte d’un rythme «possédé». L’humour franchouillard est omniprésent pour contrebalancer la noirceur du script, les passages entre Constantine et Lucifer sont croustillants. Quand on sait que tout ceci risque de se conclure en apothéose dans des chiottes crades pour se rouler des pelles, l’album nous promet d’excellentes parties de rigolade. C’est succulent !

Darick Robertson et Diego Rodriguez supervisent la partie graphique. Le premier est le dessinateur du génial Transmetropolitan et du moins inspiré The Boys. Concernant Rise and Fall, Robertson penche plus dans la catégorie du premier. L’artiste s’approprie avec énergie et panache ce titre étendard.Muni de sa palette de nuances, Diego Rodriguez lui maîtrise les teintes pour être en symbiose avec Robertson. La mise en scène est claire, fluide et dynamique. Les couleurs primaires renforcent un petit côté «alerte» tandis que le reste fusionne avec le background typique de l’univers de la série. Le coloriste apporte de la consistance à un dessin léché. Nous prenons un sacré coup de chaud avec les flammes des territoires maudits. Les démons affichent sans complexes leur «bronzage» écarlate et les fantômes foutent les chocottes avec leur teint blême blanc métal. Le trait s’étale avec épaisseur et densité, les pages ainsi que les cases fourmillent de détails. L’illustrateur se focalise sur l’action et fait preuve d’une grande adresse technique. Le crayonné aidé par un encrage solide s’impose avec assurance et sans pression. Les pages sont bien agencées et pigmentées, c’est un superbe travail d’équipe.

Hellblazer Rise and Fall est un one-shot qui satisfera les fans de la première heure comme les nouveaux arrivants ou les déçus des vagabondages de l’antihéros chez les super-slips. Il marque également le retour vertigineux de John Constantine à son terrain de prédilection grâce aux éditions Urban Comics. En clair, c’est la classe parce que c’est de la putain de magie.

Chronique de Vincent Lapalus.

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