A pink story, c’est un pavé rose flashy et ambitieux dans lequel Kate Charlesworth livre un témoignage prenant et important tout en mettant habilement en relief un combat pour une société égale pour tous en Grande Bretagne des années 50 jusqu’à nos jours.
Elle revient sur sept décennies de lutte pour les droits humains donnant naissance à un one shot militant, convaincant et très abordable.
Paru pour la première fois en langue anglaise en 2019, cet ouvrage est enfin traduit en version française par les éditions Casterman qui ont su doter cet opus renversant d’ un écrin splendide.
Pour cette bande dessinée , l’autrice et illustratrice britannique a fait un travail de recherche colossal. Elle a composé un recueil très abouti dans lequel s’entremêlent judicieusement le parcours d’une femme engagée et l’ensemble des faits significatifs notables qui contribuèrent à changer la société.
Ce one shot très complet qui fait parfaitement office d’histoire LGBTQI+ vise à informer et rendre visible les communautés. La collectionneuse compulsive qui a eu la bonne idée au fil des ans de conserver de nombreuses traces possédait un matériel important qu’elle partage ici avec intelligence.
Pour ce « livre d’une vie » qui fut élaboré avec patience et réflexion, par petites touches, elle confie toujours avec malice et beaucoup d’humour.de retentissantes anecdotes
Cette autobiographie dessinée n’est pas que le résumé d’une expérience individuelle. C’est la mémoire d’un activisme collectif qui répertorie du même coup les persécutions endurées par des gens comme Alan Turing et bien d’autres, s’attarde sur la législation qui évolua lentement mais aussi sur les personnalités courageuses qui contribuèrent au changement.
Elle traite des progrès considérables dans l’opinion mais aussi dans les disciplines artistiques suivantes : la littérature, le théâtre, le cinéma, les arts plastiques et la musique.
Pour apporter du rythme à ce récit très dense, l’artiste a imaginé des dialogues percutants, un découpage astucieux qui pousse l’œil à chercher la multitude d’indications glissées au fil des pages.
C’est un délicieux patchwork un peu déroutant de prime abord mais finalement très inspiré et composite qui s’imposait clairement. Pour produire cet effet pop savoureux, elle a utilisé plusieurs techniques (crayon, aquarelle) et réalisé un travail de montage qui restitue l’énergie et pas mal d’audace.
Au final, A pink story est un ouvrage de référence palpitant, le fruit d’un travail titanesque. C’est aussi un boulet de canon absolument passionnant et une contribution essentielle.
Chronique de Stéphane Berducat.