Enki Bilal à Artcurial

La prestigieuse maison de vente aux enchères Artcurial accueille du 6 juillet au 9 septembre 2021, l’exposition inédite «DéconstruKt», entièrement dédiée à l’artiste Enki Bilal. 137 œuvres sont pour la première fois montrées au public. Ces cases sont issues de « La tétralogie du monstre » : « Le sommeil du monstre » (Les Humanoïdes Associés 1998), « 32 décembre » (Les Humanoïdes Associés 2003), « Rendez-vous à Paris » (Casterman 2006) et « Quatre ? » (Casterman 2007) ; des albums « Julia & Roem » (Casterman 2011) et « La couleur de l’air » (Casterman 2014) ainsi que du diptyque « Bug » (Casterman 2017 et 2019). Vingt ans de travail sont ainsi présentés. Nulle publicité, nul poster annonçant cette manifestation sur la façade du bel hôtel particulier sis au 7 Rond-point des Champs-Elysées. Vous aurez alors peut-être la chance de pouvoir y déambuler comme moi presque seul(e) quand la galerie rouvrira ses portes le 20 août.

La scénographie est volontairement épurée. Les cases encadrées très simplement d’un passe-partout blanc et d’un cadre noir se détachent sur des murs blancs ou noirs. Bilal souhaite leur donner une nouvelle vie et « déconstruire » son œuvre comme l’indique le titre de l’exposition. Elles sont donc présentées sans cartel, sans indication ni contexte, bénéficient parfois d’un agrandissement qui est placé à leur côté comme en écho et souvent regroupées par thèmes ou camaïeux de couleurs dans la palette de couleurs froides si caractéristique de l’artiste (bleu nuit, bleu cendré, gris, ocre et quelques touches de rouge) , indépendamment des albums, et liées entre elles par une citation  de l’auteur ou d’autres artistes et philosophes( Flaubert, Nietzche…). On en revient au processus de création particulier de Bilal puisqu’il travaille chaque case individuellement sur des formats plutôt grands avant de les scanner et de les agencer à l’ordinateur en planches. Ceux qui doutent de la légitimité du 9e art, trouveront ici une belle affirmation du contraire : les cases se muent en tableaux et tissent des liens insoupçonnables jusqu’alors avec le patrimoine pictural occidental (un gros plan sur des chaussures devenant ainsi une variation sur « les souliers » de Van Gogh ; des cieux rappellent des toiles de Turner …). Le visiteur confronté à ces véritables tableaux peut admirer les différentes techniques mises en œuvre (sanguine, pastel, aquarelle, peinture à l’huile) et laisser libre court à son imagination pour créer sa propre histoire. On peut les admirer de près, de loin, les regarder en série….Comme l’explique Enki Bilal lui-même : « Je détruis, je fais imploser plusieurs récits. ». Ainsi, « les cases, une fois extraites, débarrassées de leurs mots redeviennent libres, c’est cette libération du dessin qui qui va passer par les yeux de ceux qui vont regarder et traverser l’exposition et qui vont construire leur propre vision. La déconstruction va produire matière à de multiples imaginaires. »

Ce parcours onirique s’achève pour ceux qui le souhaitent par la projection d’un court-métrage d’une dizaine de minutes réalisé par Maryline Moine qui permet au visiteur de comprendre la démarche de l’artiste et laisse surtout la part belle à certains de ses célèbres admirateurs : Olivia Ruiz, Carla Bruni, Gaëtan Roussel, Matthias Malzieu et Eddy Mitchell qui donnent leur ressenti face à ces toiles. On pourra également prolonger cette immersion dans l’univers de Bilal par l’exposition qui a lieu en ce moment à la galerie Barbier qui fonctionne en écho comme le souligne son titre « ReconstruKt ? »

Du lundi au vendredi, 11h-18h (hors jours fériés et fermeture annuelle du 2 au 20 août)

Entrée : 7 €

Texte et images par BD Otaku.

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