J’ai très envie de vous parler d’un duo de livres d’humour, au contenu déjanté et mordant ! Le premier Hey June, est sorti au début de l’année 2020 et il est publié par Delcourt, dans sa collection extrêmement corrosive, Pataquès ! Pour ce volume l’autrice est accompagnée de l’incontournable Fabcaro. Le deuxième tome Magical Mystery June, voit le jour aux éditions de la région lyonnaise Expé. Si, on ne présente plus l’incroyable Fabcaro, une chose est sûre, il est grand temps de se pencher sur Evemarie, une artiste pétillante !
La demoiselle a vu le jour à Rouen. Elle a un diplôme en illustration délivré par l’École Supérieure des Arts de Saint Luc à Bruxelles. Elle poursuit son cursus avec une formation dans la publicité. La dessinatrice met son talent au service de différents supports : romans et manuels scolaires. Elle participe également au collectif Bermuda publié par Expé. L’envie de faire de la BD émerge naturellement d’autant qu’elle est entourée de joyeux lurons qui exercent dans le neuvième art !
Ces deux albums au format carré racontent des instants caustiques et insolents du quotidien de la belle. L’un se dévoile en une centaine de pages et les gags sont développés en trois cases. Chacun est annoncé par un titre du groupe mythique « The Beatles ». Il commence un matin à 8h00 quand le réveil retentit sur un air de reggae. Oui, la nénette, tout comme moi, débute mal sa journée avec ce style musical qu’elle déteste ! June affiche une flemmardise aiguë, fume dès le réveil et ne jure que par un café noir bien serré. On ne peut pas dire que son équilibre alimentaire soit des plus conventionnels, mais tout cela fait partie de son charme. On la suit dans ses pérégrinations journalières et on aborde tour à tour son travail, ses ami(e)s et la famille. Il faut se rendre à l’évidence, la jeune femme n’a pas la langue dans sa poche et elle est plutôt cash ! Elle maltraite son entourage, et est souvent de mauvaise foi. Mais surtout, elle a tendance à dire tout haut ce que les autres pensent tout bas.
Pour son second recueil, l’artiste se met en couple et rencontre sa belle-famille. Tandis que dans son entourage les premiers « mioches » fleurissent, notre héroïne vieillit et commence à s’assagir… Oui, mais non ! Ce serait sans tenir compte des multiples ressources de cette diablesse.
Cette fois, le découpage diffère. On découvre, des représentations pleine page et souvent des gags en quatre cases. Son illustration est rigolote et survitaminée. Les anecdotes sont enrichies de quelques paroles chapardées dans les innombrables morceaux de notre quatuor liverpuldien !
Avec cet opus extrêmement rafraîchissant, drôle et piquant, Evemarie m’a fait rire et tellement pensé à moi. Son côté je balance tout au lance pierre, nonchalant et quelquefois irrévérencieux, cadre assurément avec ma personnalité. La nana a des idées bien arrêtées sur certaines choses qui agrémentent son ordinaire, genre la venue de « sales » bambins. Ce qui me fait rire, oui madame, c’est que j’ai des enfants et que j’ai toujours tenu des propos similaires. Allez comprendre.
Son côté « je ne tourne surtout pas la langue sept fois dans ma bouche avant de parler », j’adhère complètement. J’en ai choqué des gens avec mon franc-parler ! L’aspect « femme fatale » ne me caractérise pas vraiment et c’est pour cela que j’aime son attitude «égocentrique ». Ben quoi, elle fume, elle boit, son frigo est rempli d’une bouffe douteuse, ce qui participe à son apparence badass. Elle a du chien et c’est tant mieux ! Dans ce monde aseptisé, un peu de folie ça revigore.
Vous l’aurez compris, si vous êtes de parfaites nunuches, un peu coincées du popotin, que votre humour doit être tiré à quatre épingles et que vous aimez le reggae, passez votre chemin ! Moi, je vous dis, sortez votre vieux jean, le débraillé et confortable, enfilez votre t-shirt le plus improbable, allumez une clope, servez-vous un verre de ce dont vous avez envie, mais qu’il y ait au moins 40% d’alcool. Pour finir enclenchez la stéréo (oui, je sais, ça fait vieille) glissez-y un CD (comment ça, on n’en trouve plus ?) des Beatles, of course et mettez le volume à fond. Ça y est, vous êtes prêts à vous immerger dans les bandes dessinées de l’époustouflante Evemarie ! Come Together !
Chronique de Nathalie Bétrix