ROBOCOP Versus TERMINATOR

Amis du verbe et de la poésie, bien le bonjour. Aujourd’hui je vais vous parler d’un comic-book tout en finesse, qui touchera votre corde sensible et provoquera chez vous une certaine émotion. Nan je rigole et vous allez tout de suite comprendre pourquoi.  Rien que son titre est évocateur : Robocop Versus Terminator. L’artiste qui a produit les plus belles pages de Daredevil s’associe à celui qui a fait des miracles sur Thor. Frank Miller au scénario fait équipe avec Walter Simonson au dessin. Quand à Steve Oliff, il accompagne ces joyeux lurons pour la couleur. La tôle froissée percute le métal en fusion pour accoucher d’une bande dessinée qui favorise l’action et le divertissement tout en restant captivante. Cette « romance à l’eau de rose » en petit format souple est éditée par Vestron.

Dans un futur pas si éloigné, un ordinateur du nom de Skynet va éradiquer une grosse partie du genre humain. Une guerre éclate entre les machines et ce qu’il reste des hommes. Pour faire court, la trancheuse électrique souhaite en finir définitivement avec le pain de viande. La dernière femme sur Terre lors de l’ultime bataille, réussit à s’introduire dans l’antre de la plus puissante intelligence artificielle pour utiliser sa machine à voyager dans le temps. Sa mission serait-elle de protéger dans le passé le messie John Connor ? Non rien à foutre. Le but de cette nana est tout simplement de détruire le responsable du développement de la conscience de Skynet. Cette personne s’appelle Alex Murphy, connue sous le nom de Robocop, le robot-policier de la cité de Detroit.

Mais les machines sont malines, elles envoient à leur tour trois T800 afin d’assurer la sécurité du super flic et veiller à ce que ce futur apocalyptique ne change pas. Florence Langer, la nénette qui vient de l’avenir, atterrit à l’époque où Robocop n’est pas encore connecté au réseau informatique. L’occasion est trop belle pour être manquée et malgré tous ses efforts, Murphy échappe de peu à l’assaut lancé par cette dernière. Une étonnante dynamique se forme. Les Terminators protègent l’officier de l’OCP, Langer déteste les assassins cybernétiques de chaque camp et le « poulet » de métal cherche à comprendre les raisons de tout ce bordel. La demoiselle blessée se retrouve à l’hôpital, le policier veut la traîner en salle d’interrogatoire. En toute logique, il lui rend une petite visite. Lorsque la farouche femelle lui explique l’épisode de sa vie, Robocop prend parti pour l’humanité et se résout à en finir avec Skynet. Une guerre entre les deux machines à tuer se prépare et la lutte va virer à l’affrontement spatio-temporel à grande échelle. La sélection naturelle ? On s’en balance. Les cadavres, les douilles et les cartes électroniques qui joncheront le sol se ramasseront à la mini pelle.

A la fin des années quatre-vingt, Frank Miller revint de son expérience de scénariste pour le cinéma assez remonté et amer. Il fut embauché pour « sérialiser » les scripts de Robocop 2 et 3 mais il se heurta à la production hollywoodienne. Ses scénarii furent jugés trop choquants pour l’Amérique puritaine et  bien-pensante de l’époque. A l’aube des années quatre-vingt-dix, la maison d’édition Dark Horse lui proposa ce crossover original. L’artiste se jeta sur l’occasion de pouvoir enfin avoir la liberté d’écrire une histoire sur les personnages couchés sur pellicule par Paul Verhoeven  et James Cameron. Il prendra sa revanche et trouvera un moyen assez simple mais astucieux pour lier ces deux univers à la fois proches dans leur thématique mais assez éloignés dans leur traitement. Pas de longues diatribes théoriques sur la temporalité ou la physique quantique chez Miller. On remonte le temps pour tuer quelqu’un, et hop disparition pure et simple. L’effet papillon dû à un changement dans la continuité, la secousse temporelle rééquilibre le tout.  L’histoire gagne quand-même en dimension car le ton irrévérencieux est toujours présent. L’auteur conserve les thèmes sociaux qui lui sont chers : le corporatisme, l’autoritarisme et la décadence d’une société mondialisée incontrôlable. Du Frank Miller pur jus quoi…

Walter Simonson était un ancien collègue de Miller à l’époque du studio Upstarts Associates. Et c’est tout naturellement vers lui que se tourna le créateur de Sin City pour mener à bien ce livre complètement fou. La mise en page est tout bonnement explosive. L’illustrateur propose un dessin archi-dynamique. Un trait franc et nerveux est employé pour jeter les bases visuelles d’un projet à l’action non-stop. On a l’impression que les cases veulent littéralement sortir de la page pour nous exploser au visage. Les perspectives laissent libre court à un champ de profondeur afin que les vignettes gagnent en intensité. Les onomatopées sont omniprésentes et se promènent un peu partout dans le livre. Ce dessinateur chamboule et secoue la bande dessinée traditionnelle américaine pour faire partager toute sa créativité. Nous sommes en présence d’une bombe atomique graphique. Steve Oliff apporte la touche finale de ce travail avec une colorisation à l’image de la série. Les nuances sont métalliques, glaciales, brillantes et électriques comme pour appuyer sur la froideur de l’aventure de ces deux engins de mort.

Robocop Versus Terminator a été perçu comme un projet un chouia bourrin et purement commercial lors de sa sortie. Contre toute attente, il en a été autrement. Cet ouvrage s’avère être un pur chef-d’œuvre à la portée hautement « philosophique » (je blague encore). Il a été rédigé avec de la lave et croqué à la disqueuse.  Bravo messieurs et surtout merci aux éditions Vestron .

Chronique de Vincent Lapalus.

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