LES VOYAGES DE GULLIVER: De Laputa au Japon.

On connaît la très belle collection « Métamorphose » des éditions Soleil, mais on ne parle pas assez de celle qui se nomme « Noctambule » et cela est bien dommage ! Bertrand Galic et Paul Echegoyen nous livrent un récit librement inspiré de l’incontournable roman de Jonathan Swift, Les voyages de Gulliver, de Laputa au Japon. Si l’on y côtoie pas de Lilliputiens, il promet des pérégrinations extraordinaires dans quelques pays étonnants. Préparez vos valises et votre passeport, la porte est grande ouverte vers de folles épopées…

Un lundi pluvieux, comme on les aime à Londres, en l’an 1706, Lemuel Gulliver, après de mûres réflexions en famille, donne enfin sa réponse au Capitaine Robinson (rien à voir avec Robinson Crusoé !). Celui-ci presse l’aventurier depuis un certain temps de l’accompagner dans une expédition insolite. Le départ est proche et il n’attendait que l’engagement du grand voyageur qui ne pouvait qu’accepter pour mettre à l’abri financièrement sa femme et ses deux enfants.

Dix mois ont passé et les voilà bloqués à Tonkin. Les livraisons qu’ils attendent ne leur parviennent pas et leur capital fond à vue d’œil. Seule la vente de marchandises aux îles voisines, pourrait leur permettre de tenir. Gulliver, se porte volontaire pour aller à la recherche de potentiels acheteurs. Si la météo n’est pas clémente, les pirates qu’il croise sur les flots, ne l’épargneront pas non plus. L’équipage est préservé, le navire réquisitionné et le pauvre Lemuel débarqué sur un petit rafiot avec quatre jours de vivres… Au fil du courant, il accoste sur un îlot. Sa première mission consiste à trouver de quoi se nourrir et un toit pour s’abriter. Après une nuit peuplée de cauchemars, il se lève de bon matin et aperçoit, flottant dans le ciel, une étrange citadelle. Première escale de ce fantastique périple « Laputa »….

C’est une excursion surprenante et éblouissante que va traverser notre baroudeur. De tous les archipels que notre ami va découvrir, j’avoue avoir un faible pour celui qui commence cette odyssée. Les citadins de Laputa ont un langage extrêmement fleuri. Ils vivent la tête dans les nuages et sont obsédés par leurs pensées. Graphiquement, Echegoyen, apporte une vraie touche poétique au scénario merveilleusement élaboré par Galic. Son trait est fin, expressif et foisonnant d’éléments. S’il utilise des techniques variées, il affectionne la mine de plomb. Je l’ai découvert avec Léonard et Salaï, son dessin a évolué depuis. A l’époque plus souple, plus rond, il est devenu plus fourni et anguleux. L’enchevêtrement des détails sur chacune des pages ou des cases est un pur bonheur contemplatif! Comme pour son premier titre, une variation de couleurs « sable » prédomine. Bertrand Galic m’a captivée avec des histoires telles qu’Un maillot pour l’Algérie publié par Dupuis, ou sa trilogie Violette Morris chez Futuropolis en collaboration avec Kris et Javi Rey. L’auteur nous livre de grandes fresques historiques et humaines. On y rencontre des personnages atypiques, qui ont par leur vécu, bousculé l’opinion. Avec Les Voyages de Gulliver, de Laputa au Japon, on discerne une expression novatrice dans son écriture.

Les errances de notre héros le porteront dans une vaste expédition, où il sonde tour à tour, Balnibarbi et sa capitale Lagado, peuplée de savants créateurs d’ inventions plus extravagantes les unes que les autres. Glubbdubdrib, où le régent l’invitera à revoir d’illustres personnalités, mais également Luggnagg une partie de ses habitants, les Struldbruggs qui sont immortels…

Toutes ces épreuves finiront par le lasser et il n’aspirera finalement qu’à rentrer et retrouver son foyer. Si les choses étaient simples, l’intrépide nomade serait retourné au plus vite chez lui. Cette prouesse aurait pu se faire sans compter sur les caprices du narrateur, qui avec une immense habileté, nous a permis par cet éminent récit, de parcourir avec émerveillement des contrées que j’aurais bien aimé explorer…

Cette bande dessinée est incontestablement une fusion entre le rêve et la réalité. Écrite avec intelligence et talent, elle est mise en valeur par un illustrateur élégant qui apporte à cette œuvre un rayonnement tout particulier. Monsieur Lemuel, mes valises et mon passeport sont déjà prêts pour de nouvelles aventures. Magique !

Chronique de Nathalie Bétrix

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