Entrons dans le monde merveilleux et enchanté des trois sœurs Grémillet!
Di Gregorio a sorti sa plus belle plume pour écrire un conte plein de rêves et de mystères. Il est accompagné de son compatriote Barbucci qui, une fois encore, m’émerveille par son somptueux coup de crayon, tout aussi féerique qu’attachant ! Les sœurs Grémillet édité par les éditions Dupuis, est indéniablement une nouvelle série, plus que prometteuse…
Sarah, l’aînée, au caractère bien trempé. Cassiopée, la cadette, rêveuse, qui vit dans son monde et Lucille, la benjamine, silencieuse et éprise des petits félins qui l’entourent. Elles vivent toutes les trois avec leur maman dans un joli village médiéval, tout en haut d’une vieille habitation. Depuis plusieurs nuits, Sarah rêve d’un endroit étrange et verdoyant, dominé par un arbre gigantesque, doté d’un énorme tronc et de racines tentaculaires. Dans ses branches, trône une étrange maison. Elle flotte dans ce paysage, avec ses deux sœurs et elles sont entourées de minuscules méduses luminescentes. Cette gravitation les approche de la demeure. A l’intérieur, elle y voit une chambre, avec une curieuse armoire et un grand lit blanc. Sur celui-ci est installée une toute petite méduse incandescente. Elle s’approche, voudrait rentrer dans ce lieu et en savoir plus sur ce petit être. A chaque fois qu’elle croit toucher au but, Sarah, se fait réveiller par quelqu’un ou quelque chose. Aujourd’hui, c’est Yurei, le chat de la maison, qui la sort de ses songes.
Ce dimanche matin, installée autour de la grande table familiale, après avoir palabré de l’étrange rêve, les trois demoiselles questionnent leur maman sur son passé. Comme à chaque fois, Magda reste évasive et ne se dévoile qu’avec parcimonie. Quand l’une des filles lui demande quel est son animal préféré et, si cela ne serait pas les méduses, la voilà qui se referme comme une huître… Elle trouve une excuse pour quitter l’appartement et laisse ses enfants dans une totale incompréhension. Qu’ont-elles dit, ou fait de mal ? Sarah décide alors de recréer « le club des trois frangines ». Lucille « Rosée silencieuse », Cassiopée « Nuée amoureuse » et « Tonnerre grondant », vont repartir à la chasse aux renseignements et résoudre une énigme. Que leur cache leur maman ? Elles filent dans le grenier à la recherche d’indices. Les trois sœurettes découvrent des objets et des photos, mais aussi l’armoire qui se trouve dans les rêves de Sarah. A l’intérieur un petit bocal contenant une méduse et une boite métallique. Au fond de celle-ci, une étrange photo de Magda. Elle est au pied du grand arbre et elle est enceinte… Qu’est ce qui peut bien se cacher derrière tous ces mystères ? Comme elles ne peuvent la questionner directement, elles partent interroger Melina et Angélique, les deux meilleures amies de leur mère.
Tout s’emboîte à merveille, avec dynamisme et panache. Je suis donc, très vite, emportée par l’histoire. L’intrigue est prenante et le dessin attrayant. Je redécouvre avec bonheur le trait de Barbucci, celui qui m’a déjà tant séduite lors de ma lecture des quatre tomes de Sky-Doll. On le retrouve également dans la série Ekhö, monde miroir publiée par les éditions Soleil et écrite par Christophe Arleston. Les couleurs sont plus douces et plus pastel pour Les sœurs Grémillet, mais on y retrouve les grands yeux expressifs dont le dessinateur affuble ses personnages, ce qui est indéniablement sa touche personnelle, reconnaissable entre mille. Les expressions des visages prennent, avec lui une autre dimension. Foisonnant de détails, chaque page est une œuvre d’art. Il n’est pas avare sur les ornements qui se déclinent, autant dans les paysages, que dans l’architecture des divers bâtiments que l’on croise au fil des pages. Il est impensable de réussir à parcourir tout l’ouvrage sans rester scotché sur les images. J’ai connu ça avec d’autres bandes dessinées, telle qu’End d’Anna Merli (au scénario Barbara Canepa) Dream Factory de Suheb Zako (à l’écriture Jérome Hamon et à la couleur Lena Sayphoum) dont j’attends la suite pour les deux titres avec impatience, ou, dans un autre style graphique Elma, une vie d’ours de Léa Mazé (à la plume Ingrid Chabbert) Chacune et chacun, ont dans leur style graphique, un je ne sais quoi, qui m’empêche de lâcher l’album et m’oblige à le regarder encore et encore…
Les deux artistes ont su créer un univers fantasmagorique, où se mêlent vie réelle et monde imaginaire. J’y retrouve un peu de Monster Allergy créé en 2003 avec l’incontournable Barbara Canepa, qui l’accompagne aussi pour la série Sky-Doll. Cette fois nous découvrons une chouette collaboration scénaristique entre Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci. Tous les deux, trois avec Barbara Canepa, ont participé à de nombreux projets pour « Walt Disney Italia »
Avec cette bande dessinée, ils nous font vivre une aventure palpitante, mêlant secrets de famille, amitié et fantastique. Ils ont su accommoder les bons ingrédients pour faire monter la sauce dès les premières pages. Moi, j’ai été appâtée et conquise dès le début, ne pouvant tout simplement pas décoller mon regard du graphisme ensorcelant.
Cerise sur le gâteau, si l’on est bien face à un tome un, pas d’inquiétude à vous faire, au terme de la lecture du rêve de Sarah, le récit s’achève, mais laisse la place libre à de nouvelles aventures du « club des trois frangines » !
Chronique de Nathalie Bétrix
Merci pour le lien
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