Romain Hugault tire encore son épingle du jeu avec son cinquième volet de Pin-up Wings édité par Paquet.
Cette série destinée aux adultes est une récréation dans la carrière d’un artiste qui excelle dans la mise en cases de récits historiques exigeants dans lesquels l’aviation a une place de choix.
Avec un impressionant tableau de chasse composé du dernier envol et d’au delà des nuages avec Régis Hautière, du pilote à l’Edelweiss, du Grand duc et d’ Angel Wings en collaboration avec Yann, l’artiste s’offre avec cette série l’opportunité d’introduire du glamour et de la fantaisie dans son travail, une parenthèse qui lui procure du plaisir et qui a rapidement conquis un vaste public composé d’épicuriens, de fondus d’aéronautique et de vintage.
L’artiste n’a plus rien à prouver, il s’est rapidement imposé auprès des spécialistes d’aviation profitant de l’absence de propositions attirantes dans ce domaine dans les années 90 et 2000. Ce genre de récit était auparavant très technique et assez didactique. Le dessinateur a su faire preuve d’audace, démontrer brillamment son savoir-faire et illustrer des aventures humaines extraordinaires. Son succès à la fois critique et populaire lui permet d’être plus rare sur les salons, d’honorer quelques commandes et de réaliser ce dont il a envie et c’est ce qu’il fait ici dans un album qui est un melting-pot d’illustrations produites au gré de ses humeurs , un bijou savoureux et piquant.
Imaginé en 1897 par Charles Dana Gibson pour le magazine life, les pin-ups furent très régulièrement utilisées dans les 30’s dans les pulp et les comics. Pendant la guerre, elles aidaient à soutenir le moral de pauvres gars empêtrés dans des conflits qui les dépassaient, elles avaient un impact très important sur les militaires permettant à de jeunes hommes souvent innocents de trouver le courage de monter au front. Elles connurent après guerre un âge d’or aux États Unis. Elles suscitent aujourd’hui un regain d’intérêt sur lequel surfent intelligemment quelques performeuses de réputation mondiale.
Dans cette série, l’auteur ravive la nostalgie d’une époque, il restitue l’envie de liberté et la quête d’esthétisme des années 40 et 50, une période esthétiquement riche et féconde dans bien des domaines pendant laquelle le pire a côtoyé le meilleur. Il nous transporte habilement d’un visuel à l’autre, suscitant divertissement et contemplation.
Il rend hommage à ces femmes qui poussaient la glamour à son paroxysme. Élégantes et sensuelles, libérées et sophistiquées elles se paraient de jolies toilettes, portaient des décolletés affriolants et revendiquaient leurs formes mais aussi une liberté totale. Il enrichit l’opus de quelques parodies d’affiches réussies qui suscitent bien des sourires.
Qu’il les dévoile sur les tarmacs ou dans des cadres paradisiaques, elles sont toutes sublimes. Réalisées au crayon avec des couleurs ajoutées numériquement elles ne manquent pas d’allure.
Avec Pin-up Wings 5, le pilote quadragénaire réinterpréte les canons vintage ; il se les réapproprie en s’amusant et c’est assez communicatif.
Il célèbre les femmes qui s’assument, l’érotisme mais il le fait sans aucune aucune vulgarité avec humour et tendresse . Ce nouvel album séduira certainement les amateurs de jolies femmes et de zingues car les engins ailés ne sont jamais très loin. C’est surtout un avant-goût de vacances prometteur dans lequel se succèdent belles demoiselles, plages et cocktails.
©Paquet, 2020, Romain Hugault.