Clinton Road

Comme chantait l’autre : « Car j’étais sur la route toute la sainte journée ». Mais il y a parfois des sentiers qu’il vaut mieux ne pas traverser. Please welcome in Clinton Road de Vincenzo Balzano chez Ankama.

John, ranger au service des forêts dans le comté de Clinton/New Jersey, mène une enquête assez particulière sur cette petite portion de route. Les bovins et le chien de compagnie d’un habitant ont disparu d’une manière tout-à-fait particulière. Mais quand il a besoin de faire une petite pause pour réfléchir, John fait escale au resto-route de son pote Sam pour y ingurgiter un café que la légende dit imbuvable. L’agent prend et gribouille des notes sur son carnet. Son investigation l’emmène entre le lac situé aux alentours et le four délabré appelé temple druidique. Le coin de lagon est un début de piste, qui trouvera sa conclusion dans les bois avoisinants. Entre ces deux points, John croisera la route de gangsters de la prohibition, son fils Benjamin disparu depuis deux ans dans la forêt de Clinton, Le vieillard Lincoln vivant dans une cabane au bord de l’étang mais qui le sauvera de l’attaque d’un ours sauvage. Début d’une cavalcade policière qui trouvera une conclusion un rien fantomatique, comme le somnambule qui déambule sur un chemin pavé de cauchemars.

Ce qui frappe en premier lieu l’ouvrage en main, c’est sa couverture. A la fois énigmatique et séduisante, sa composition pose d’emblée magnifiquement bien l’atmosphère du bouquin. Nuée de corbeaux à la forme spectrale…curiosité!

Vincenzo Balzano pond une histoire poisseuse que ne renierait pas David Lynch. Le casse-tête fantastique d’un homme broyé, qui vit dans la détresse tout en évoluant dans une atmosphère brouillardeuse. Tout n’est pas clairement expliqué, au lecteur de remplir les blancs et laisser travailler son imagination. Une perception chère au cinéaste Lynch, comme pour démontrer la bizarrerie d’un monde caché dans le monde. Une réalité légèrement difforme qui met à mal sa version tangible. On se laisse voguer dans le troublant, le frémissant pour finir par le désespéré.

Le dessin propose un trait tordu et bancal. Déformé mais poussé au niveau de l’esquisse, il n’est reste pas moins très travaillé et nerveux. La mise en couleurs à l’aide de l’aquarelle et de la gouache enfonce le clou pour ranger cette BD dans la catégorie des œuvres surnaturelles au climat illusoire. Un tourment visuel qui sert une hantise scénaristique.

En bref, Clinton Road est une lecture chimérique que l’on scrute d’un œil irréaliste.

Chronique de Vincent Lapalus.

 

 

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