Georgie, Mike et Croquette, les petits héros de Trappeurs de Rien reviennent dans un tome 5 ambitieux intitulé la Mine des anciens. L’album réalisé par les compères Thomas Priou et Pog et édité par Les éditions de la Gouttière est censé clôturer une saga sympathique en adéquation complète avec l’âge ciblé en l’occurrence les enfants de 3 à 8 ans.
Et pourtant ce cinquième opus a des allures de nouveau départ qui semble être symbolisé par l’arrivée d’un nouveau coloriste, Christian Lerolle qui succède brillamment au talentueux Johann Corgié. Il parvient à rendre à la série sa cohérence et son rendu aquarellé et doux. La naïveté des débuts semble progressivement s’effacer laissant la place à une intrigue plus nourrie et un dessin qui au fil des tomes s’est transformé.
A l’image des premiers lecteurs qu’ils ont conquis il y a déjà 4 ans, nos petits héros se sont affinés, ils ont grandi mais ils sont toujours aussi attachants. Leurs créateurs apportent dans cet ultime volet quelques précisions, ils situent la narration au temps des westerns à la fin du 19ème siècle.
Avec son format à l’italienne, ses couvertures travaillées et attirantes, un façonnage soigné, la série a trouvé son public et est particulièrement appréciée par les enseignants qui l’utilisent en classe. Elle s’est également imposée dans les salons. Le travail de la maison d’édition, sa ligne éditoriale claire, l’élaboration de dossiers pédagogiques et expositions ont apporté une belle visibilité captant efficacement l’attention des pédagogues et des enfants.
Après s’être pas mal reniflé sur les réseaux sociaux, les deux auteurs se sont entendus pour faire vivre à leurs personnages de belles aventures. Dans les épisodes précédents, il était question de nos forces et fragilités, de nos peurs intérieures, de la relation à l’autre et enfin d’amour. Dans ce dernier volet, les trois amis viennent généreusement en aide à un loup mal en point. Ils découvrent que la vieille mine de Gadoue City recouvre bien des secrets et ils décident d’agir.
Une fois encore, le scénariste signe une invitation à la tolérance et une belle ode à l’amitié. L’intrigue s’est étoffée, le ton s’est un peu durci. Le récit est truffé de références, de touches d’humour et il est surtout très addictif.
La lecture extrêmement plaisante convient parfaitement à un public qui comme nos héros a grandi et évolué et c’est sans doute le point fort de la série. L’innocence des premiers albums a laissé la place à de réels dangers et à un second sens subtil.
La prestation graphique de Thomas Priou est intéressante. Son découpage varié, immersif séduit d’emblée par sa lisibilité. Son dessin a évolué au fil des albums, ses personnages sont moins ronds, plus construits, les postures sont plus crédibles aussi. Le dessinateur qui a repris il y a déjà quelque temps les illustrations des Lapins crétins a su créer des décors séduisants et une double page magnifique qui fonctionne très bien. Il a donné vie à un joli plateau de jeu inventif dans lequel on a envie de mettre les mains, une jolie course de chariots à laquelle on a très envie de se joindre.
La mine des anciens est un bien joli bouquin et on ne peut qu’espérer que les auteurs poursuivent leur collaboration et nous régalent une fois encore.
©Éditions de la Gouttière, 2020, Pog et Thomas Priou.