Comment définir Otaku Otaku T7 de Fujita chez Big Kana ? Tout simplement comme un guide super pratique pour ouvrir les yeux et gérer au mieux sa vie sentimentale de geek.
Lecture récréative et légère de ce seinen sur un trio de couples, où chaque personnage a sa passion. Manga, cosplay, jeux vidéos principalement, mais qui sont traités dans notre société actuelle comme des sous-cultures. Les passionnés eux étant bannis voir exclus de notre structure sociale. Simple comédie romantique, où chaque tranche de vie vécue au travers des divers chapitres, prête à sourire et peut sentir parfois l’expérience personnelle.
Les amoureux Hirotaka et Narumi, respectivement joueur invétéré de consoles uni à une fan de manga et mangaka à ses heures perdues, lui déconnecté de la réalité et elle un peu fofolle. La doublette formée par Kabakura et Koyanagi, un gars gros consommateur de bandes dessinées japonaises ainsi que d’animes et la demoiselle fortement charmante cosplayeuse sensuelle qui adore les publications boy’s love. Nous terminons notre petit tour d’horizon avec Naoya (petit frère d’Hirotaka) et Kô, jeune-homme vierge de toute technologie ou hobby mais curieux de s’ouvrir aux passe-temps favoris des autres avec amusement et la geekette véritable virtuose des univers pixelisés.
Maintenant que la présentation des personnages principaux est faite revenons un peu sur le fil conducteur, c’est-à-dire l’histoire. Pitch assez simple du quotidien d’une banalité confondante, très réaliste composé d’actions et de rencontres en tout genre. Le taf, les relations, la romance et l’adoration intense. Les fréquentations au boulot, flirts, aux premiers émois en passant par les secrets, les petits rien…comme cela arrive pour beaucoup de gens.
Il est aussi fortement question de non-dits, de loupés et d’incompréhension des sexes opposés. Les petits accidents de la life, des quiproquos, malentendus et les bêtises. D’individus qui à force de loisirs déployés à grands renforts de nouvelles technologies et un peu poussés par la société de consommation, peuvent être déconnectés du monde réel. Aussi bien de leurs proches, comme de profiter des p’tits bonheurs à deux francs qu’offre la vie. Sans oublier que pour beaucoup, parfois, la honte d’aimer des choses qui sortent des « cases » jugées infantiles ou puériles.
Otaku Otaku, c’est un peu tout ça, la synthèse de la normalité. Le quotidien et ses difficultés mais abordés sur un ton léger voire frivole. Un éveil à ces personnes que beaucoup d’autres mettent en marge de par leurs « délires », qui peuvent tout simplement être nous-mêmes. Car après tout, nous restons tous des êtres humains avec nos joies et la batterie de cuisine que nous traînons issue de nos échecs. Nous pouvons tous connaître les difficultés de la passion dévorante. La maladresse de la timidité, de vouloir se sentir accepté des autres ou intégré à un groupe. Lutter contre sa condition pour mener des fréquentations et ses hobbys, comme une personne ou un couple normal. C’est le maître-mot le plus important du scénario, l’ACCEPTATION.
Pour la mise en page, Fujita fournit un travail tout-à-fait honnête et en adéquation avec son scénario. Un dessin normal, correct pour représenter des scènes de l’ordinaire. Conforme à l’esprit de son manga, il n’est reste pas moins chatoyant. Les cadrages et les proportions sont très biens respectés, c’est précis sans pour autant tomber dans la surenchère même quand le comique de situation s’invite. Ça reste drôle avec tous les effets qui peuvent accompagner la blague, sans tomber là aussi dans la surabondance. Une mise en image toute en sobriété pour mieux faire passer la pilule et rigoler un bon coup.
Voilà pour moi Otaku Otaku reste une récréation en terme de lecture, ça ne fait pas tomber du canapé mais peut mettre du baume au cœur. Comme une bonne mousse au chocolat pour faire glisser un repas copieux. Un mélange de trois ingrédients qui se composent d’un zeste d’humanisme, de sensibilité et de fleur bleue.
Chronique de Vincent Lapalus.