Enfin voilà le tant attendu volume des Tortues Ninja contenant les épisodes mythiques de leurs créateurs originaux Kevin Eastman et Peter Laird chez Hi Comics. Début des années 80, série auto-publiée par deux artistes qui n’aspiraient à rien d’autre que de voir leur rêve de dessinateurs se réaliser. Véritable big-bang éditorial indépendant qui mènera à la déferlante “turtles” que l’on connaît.
Démarrage sur les chapeaux de roues, quatre chéloniens mutés par un liquide luisant et éduqués par un rat, lui-même adepte du ninjutsu. Grandiront, vivants dans les égouts et deviendront des champions des arts-martiaux et défenseurs de la justice dans un New-York où la violence guette à tous les coins de rues. Ils affronteront l’assassin du maître de leur maître, déjoueront un plan machiavélique de robots bio-mécaniques dératiseurs, feront la connaissance d’êtres venus d’une autre dimension tout en combattant des tricératops d’une planète issue d’une galaxie très lointaine. En bref, une vie mouvementée digne des plus grands héros américains mais matinée de kung-fu et d’enseignements de la célèbre chambre de Shaolin.
Le vintage fait un retour fulgurant, les tortues sont dans le navire et quel bonheur de retrouver les premiers épisodes de ce quatuor, qui connaissent surtout un succès bien mérité dans le monde de l’édition de la bande dessinée américaine. Que dire de plus que les eighties ont pu pondre des comics de grande qualité et qui restent dans l’esprit des jeunes lecteurs dont je fais partie. De l’action non-stop et péripéties à tout va pour ces jeunes ninjas redresseurs de torts, qui rencontreront une jolie humaine qui aura la bonté de les héberger ou un hockeyeur un peu trop consommateur de séries « musclées » se prenant pour un super-vigilant. Une route semée d’embûches mais qui respire bon l’air d’une époque assez insouciante, ou le melting-pot d’idées même les plus farfelues passait à l’as.
Kevin Eastman et Peter Laird ont crée à quatre mains, une icône qui perdure dans le temps à ranger dans le domaine des classiques voir des indémodables. A la lecture du présent volume, comment ne pas sentir les influences du king Kirby à chaque feuillet numéroté, le dynamisme et l’action à chaque splash page/case des deux compères. Sans oublier Frank Miller en deuxième position, avec les combats sanglants sur les toits de la ville et sa mise en page redoublant d’intensité comme seul Miller peut en être capable. Et pour finir Star Wars, avec leur superbe illustration/interprétation de la “cantina” et son Cerebus en big up.
Dessinateurs fusionnels, Eastman et Laird se fondent l’un et l’autre dans chaque planche sans que le lecteur puissent distinguer qui fait quoi. Magie du comics, ces sept premiers épisodes regroupés montrent que le neuvième-art peut en avoir dans le ventre où sous le pied. Énergie, bastons sont au rendez-vous pour une lecture très plaisante. Ne manque plus que la pizza sur la table !
Hi Comics effectue un joli travail de traduction, parsemé entre chaque chapitre de commentaires des deux créateurs. Histoire d’approfondir le sujet et d’être immergé dans l’émulsion de création de cette chère époque ou tout pouvait être réalisable.
Seul deux points faibles, l’intégrale est en noir et blanc. La couleur aurait été la bienvenue comme pour l’édition Comics USA, la colorisation typique de cette époque. Son prix tout de même onéreux, 39.90 euros qui peut freiner.
En bref, jetez-vous sur ce somptueux volume, qui mérite son succès et qui permettra peut-être malgré son coût élevé, de poursuivre la traduction de nombreux autres épisodes des débuts.
Cowabunga amis lecteurs/lectrices.
Chronique de Vincent Lapalus