Sous couvert d’anecdotes familiales en apparence anodines, Robin Walter nous invite avec son roman graphique intitulé Maria et Salazar à découvrir l’histoire de l’émigration Portugaise tout en nous initiant au processus de création d’un album de Bande Dessinée. Le résultat est à la fois intéressant et passionnant.
Dans cette publication des éditions Des ronds dans l’O , l’auteur se présente comme un personnage assez naïf que l’on accompagne dans sa démarche. Il nous plonge dans un sujet assez méconnu qu’il essaye de comprendre à nos côtés. Il puise avec humilité et sérieux dans les différentes sources dont il dispose et le résultat est captivant.
Par l’intermédiaire de Maria, la femme de ménage qui travaille pour sa famille depuis plus de trente ans et qui est devenue une proche mais aussi de son mari et de quelques amis, le scénariste mène une enquête solide sur le flux massif de Portugais qui depuis les années 60 se sont dirigés pour fuir la misère vers notre pays alors étranglé par une vive pénurie de main d’œuvre.
Il énumère les motivations à quitter leur pays d’origine vers une destination porteuse d’espoir. Ils occupent des métiers peu qualifiés et difficiles et vivront d’abord dans des conditions précaires. Les désillusions, le déracinement, le regroupement familial, la méfiance, l’humilité et la discrétion de cette communauté sont abordés avec pertinence.
Lun des intérêts majeurs de l’album, c’est que son auteur explique comment le dictateur Salazar qui voyait pourtant cette émigration avec méfiance s’en est pourtant accommodé tout en en tirant profit.
Côté illustration, Robin Walter nous ravit avec son dessin vivant tout en nuances de gris. Le rendu est chaleureux et parfaitement adapté à l’intimité requise pour le témoignage.
Maria et Salazar est un exposé instructif et séduisant sur les conditions d’émigration passées et futures et il nous embarque efficacement.
Il devrait plaire aux amateurs du neuvième art mais aussi aux nombreuses personnes intriguées par les migrations car il constitue un document riche, habilement construit qui donne très envie d’en savoir davantage et de se rendre pour approfondir cette thématique au Musée de l’Histoire de l’Immigration.
Bonne lecture.