Le travailleur de la nuit

 

A l’heure des intrigues politiciennes, des conflits d’intérêts et de l’opportunisme calculé, je vous propose pour vous changer les idées de partir à la rencontre d’un homme de conviction, un vrai, avec cette séduisante biographie.

Sortie cette semaine, elle est consacrée à Alexandre Jacob et elle s’intitule : Le travailleur de la nuit.  Elle est signée par Matz, illustrée par Léonard Chemineau et éditée par Rue de Sèvres.

Dotée de nombreuses qualités elle parvient à se démarquer des nombreuses publications du mois d’avril, en premier lieu grâce à la force et l’épaisseur de son personnage principal : le révolté le plus célèbre de France.

Très tôt, il a parcouru le monde en tant que mousse puis marin. Il en a retiré une vision du monde personnelle et de solides convictions anarchistes. Ne supportant ni l’injustice, ni l’hypocrisie, il se lance dans le militantisme. Cet engagement politique forcené le conduit en prison et lui interdit finalement toute activité professionnelle ce qui le mène inéluctablement à épouser une carrière criminelle. Il se spécialise alors dans l’ouverture des coffres forts et fonde un gang surnommé par les journalistes« les cambrioleurs de la nuit ». La petite confrérie va être à l’origine de quelques coups rocambolesques et pendant quelques années elle va défrayer la chronique. Elle était célèbre pour les petits mots qu’elle laissait à ses victimes. Alexandre Jacob qui ne détroussait que ceux qu’il considérait comme des exploiteurs et parasites : les églises, les juges, les militaires et les rentiers à distribué des butins énormes aux nécessiteux et a toujours tenu à vivre une vie modeste. Mais un jour, il est arrêté et jugé. Après un procès retentissant, ou il assume ses actes il est condamné à finir sa vie au bagne à Cayenne. Il y restera 24 ans puis parviendra à rentrer en France où il vivra ses dernières années.

Avec ce biopic efficace, le prolifique Matz fait une fois de plus la démonstration de son talent. Il livre un récit passionnant, très bien découpé ; une narration composée de cinq parties, des épisodes judicieusement sélectionnés qui nous permettent de bien saisir toutes les facettes d’ Alexandre Jacob. Il était avant tout un homme en colère, un insoumis. Il n’est pas inutile de rappeler qu’ il vivait dans une société dans laquelle les enfants étaient exploités dès 8 ans et les ouvriers travaillaient pour une misère 11 heures d’affilée. Il était très facile de ressentir de l’indignation.

A grand renfort d’anecdotes bien choisies, l’auteur souligne la détermination, la sincérité, la droiture, l’intelligence et le courage de son personnage principal. La postface qui clôture le récit est très intéressante.

L’illustrateur Léonard Chemineau est un ancien ingénieur qui se consacre désormais entièrement à la bande dessinée. Il réalise avec ce titre une prestation convaincante. Ses planches sont claires et aérées. L’utilisation de couleurs directes, l’emploi de l’aquarelle et sa bonne maîtrise des dégradés sont autant d’atouts qui participent à un rendu très attractif. L’évolution physique du personnage lors de la narration est en plus très réussie.

Je vous recommande particulièrement cet album car sa lecture est un réel plaisir.

A bientôt.

 

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