Je vous propose de partir à la découverte d’ un album noir et efficace qui s’intitule Duke.
C’est la dernière création du scénariste Yves H et elle est dessinée par son père le talentueux et expérimenté Hermann récemment président du 44ème festival international d’Angoulême .
Elle est éditée par Le Lombard.
Dans ce premier volet d’une série initialement prévue en trois tomes, l’auteur
signe son premier western. Il situe son histoire en 1866, dans un petit village minier du Colorado : Okden dans lequel l’ordre est représenté par un assistant marshall désillusionné et froid prénommé Duke.
Quelque part sous la terre, un ouvrier sans surveillance Cummings va avoir l’idée folle de dérober quelques pépites qu’il va planquer maladroitement dans sa cabane. Ayant eu vent de l’affaire, le propriétaire minier envoie ses sbires pour récupérer son bien. Après une fouille expéditive, le précieux métal est retrouvé et l’affaire se règle dans le sang, l’homme de main tuant avec froideur la femme et l’ enfant du mineur. Rapidement l’histoire s’envenime et la situation dégénère. En bon justicier, Duke va essayer de rétablir l’ordre mais il va se heurter à des propriétaires persuadés d’être dans leur bon droit, autant dire qu’il va rapidement se fourrer dans un beau merdier.
Avec La boue et le sang, premier opus de cette série, Yves H signe un western sanguinolent de 54 pages. Comme dans ses précédents récits, il ne fait pas dans le bon sentiment, il traduit la violence qu’il ressent dans notre société en écrivant des histoires qui dérangent et dans lesquelles il ne se fixe aucune limites : ça défouraille à tout va, le sang gicle, les femmes et les enfants sont souvent d’innocentes victimes.
Au fil des pages, l’auteur fait monter la pression et ça sent rapidement la testostérone.
Les personnages sont denses et habités et le découpage très cinématographique nous embarque très facilement. On se croirait dans un bon film de Sergio Léone.
Côté dessin, Hermann nous impressionne une fois encore avec son trait assuré et juste.
A 78 ans, l’artiste récemment auréolé par ses pairs tient une forme olympique, le geste est précis et la passion intacte. Dans Duke, il dessine des personnages abîmés et pathétiques, réalise des planches lumineuses et séduisantes colorisés à l’acrylique qui donnent vraiment envie d’en voir davantage.
J’ai beaucoup apprécié cet album, c’est pourquoi je vous le recommande.
Bonne lecture.