Je suis ravi de vous présenter une bande dessinée indispensable pour ne jamais oublier l’inacceptable. Éditée par les éditions Sarbacane, elle s’intitule : Emmett Till, derniers jours d’une courte vie.
Elle est scénarisée et dessinée par Arnaud Floc’h, à qui cette sombre histoire tenait à cœur.
Tout le monde connaît l’histoire de Rosa Parks. L’histoire d’Emmett Till, la même année est moins connue et beaucoup plus abominable.
D’abord parce qu’il s’agit d’un adolescent, ensuite parce qu’il fut sacrifié au nom d’un racisme ordinaire et enfin parce que le procès qui s’ensuivit fut une mascarade.
Arnaud Floc’h a décidé de faire découvrir aux lecteurs français cette existence brisée en plein vol.
Emmett Till était un jeune adolescent noir de quatorze ans venu de Chicago pour passer ses vacances chez Moise son grand oncle. Il descend du train le 24 août 1955 en gare de Money dans le Mississipi. Il ne sait pas encore qu’il va vivre ses derniers jours. Il aura la malchance de pénétrer dans une épicerie réservée aux blancs et de se comporter d’une soi disant « manière provocante » vis à vis de Carolyn, épouse de l’épicier Roy Bryant.
Mis au courant de « l’affront », Roy, accompagné de son demi-frère Milan part dans une chasse à l’homme qui finira tragiquement. Après avoir kidnappé le jeune garçon, ils le tortureront avant de le jeter dans l’eau de la rivière. Ils seront plus tard acquittés et se vanteront de leur « exploit » dans la presse.
Cette histoire Arnaud Floc’h la délivre habilement par séquences, au fil d’un entretien entre un vieux blues man et un journaliste venu prétendument l’interroger pour une chronique musicale.
Pour commémorer les 60 ans de la disparition d’Emmett Till, l’auteur nous livre un récit qui prend aux tripes, un album sombre, sans concession, dans lequel il nous montre l’ inmontrable, sans voyeurisme. Les voix off sont d’une belle intelligence, ils donnent du corps à l’histoire. Avec son trait réaliste, le dessinateur brosse une galerie de portraits peu reluisants d’où émergent l’injustice, l’écœurement face à « ces derniers jours d’une courte vie ».
Soutenu par Amnesty international, l’album comprend un dossier de cinq pages avec photographies et bibliographie signé Chantal Lévy un document de qualité qui constitue un prolongement intéressant et pertinent.
Il a été adapté en BD concert, un spectacle qui donne du relief et qui apporte beaucoup à cette œuvre bouleversante.
Cette triste histoire vient tout juste d’évoluer. En janvier 2017, Carolyne Bryant Donham, qui est à l’origine de cet acte barbare, a admis avoir menti ce qui fait une raison supplémentaire pour redécouvrir cet épisode terrifiant de l’histoire américaine.
J’ai commencé un livre sur l’histoire d’Emmett Till, très difficile. Mais je n’abandonne pas, je reprends juste quelques forces. Cette BD peut être une autre façon d’aborder cette terrible histoire. Merci du conseil ! 🙂
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