BATMAN Beyond the White Knight

La paix n’est toujours pas au programme pour Bruce Wayne, il va être dans l’obligation de rempiler en tant que justicier car de nouvelles menaces font leur apparition à Gotham. Sean Gordon Murphy récidive avec un troisième volet aussi volcanique que les précédents dans Batman – Beyond The White Knight chez Urban Comics. Vous imaginiez l’artiste en baisse de régime, loin s’en faut !

Bruce vit paisiblement son emprisonnement et prend de la bouteille. Ok, parfois notre vigilante gère des émeutes en faisant usage de ses poings. Les fils d’Azrael ont une fâcheuse tendance à vouloir jouer les taulards rebelles.

La visite de Duke Thomas va radicalement changer la donne. Il explique au milliardaire déchu que la ville et sa compagnie sont tombées aux mains de Derek Powers et qu’une personne malintentionnée s’est introduite dans les ruines de la Batcave pour lui dérober un costume expérimental high-tech surpuissant. C’en est trop !

Suite à son évasion, Wayne prend conscience que la cité n’est plus comme il l’avait laissé avant son incarcération, Powers l’a transformée à jamais. Wayne Enterprises s’est changée en une start-up agressive, l’Unité d’Oppression Terroriste de Gotham (le GTO) a éradiqué le crime. La métropole s’est changée en un état policier, Big Brother a pris le dessus. Le GCPD est relégué au deuxième rang, la police est devenue aussi impuissante que ses concitoyens. Batman se doit de réagir, il est l’heure du Dark Knight Returns.

Derek Powers lance Terry Mc Ginnis à ses trousses à l’aide de sa propre technologie. Mais Bruce Wayne est un vieil homme dont la volonté et la détermination sont sans faille. Sa mission consistera à réunifier la Bat-Family afin de pouvoir renverser le calife new-age Powers. Gotham va trembler sous les échauffourées et les assauts entre Batman et sa Némésis venue de Wall-Street. Le siège de la corporation se métamorphosera en guérilla urbaine avec pour unique slogan : «La reddition ou l’abolition ». Les vainqueurs ne montreront aucune clémence à l’égard des vaincus, il y a une chauve-souris de trop dans les rues.

Sean Gordon Murphy revient aux affaires avec un nouvel arc grâce à un récit dystopique futuriste dense et une avalanche d’action non-stop. Le récit se développe sur huit chapitres dans un élan de démesure baigné par une ambiance cyberpunk. Le scénario s’élabore de manière millimétrée avec en toile de fond l’éternelle question concernant le recours à la violence, est-il nécessaire ? Le drame, les complots et autres trahisons se mêlent au genre super-héroïque avec aisance. Le traitement de la continuité est ingénieux. Les influences venues du comic-book, des séries télé et du cinéma foisonnent. L’artiste impose sa version du personnage au moyen d’un cocktail Molotov rythmé qui nous tient à la gorge, l’univers mainstream de DC Comics se plie à merveille à sa vision. Cette réinterprétation n’en est que davantage attractive, l’histoire monte d’un cran en puissance narrative. Il faut reconnaître que la difficulté réside dans le fait de rédiger les aventures d’une icône multimédia bientôt centenaire. L’auteur s’en tire avec brio. On ne s’ennuie pas une minute lorsque l’on va à la découverte de cette trilogie.

Que dire de l’art de Sean Gordon Murphy ? Que sa conception visuelle est à couper le souffle et que son esthétique est galvanisante. Le dessin ainsi que l’encrage se déploient dans un style maitrisé et solide. Le crayonné est nerveux, anguleux puis poussé dans ses ultimes retranchements. Le découpage est sophistiqué et brille d’une énergie folle, il accompagne un sens prodigieux du design. L’architecture des décors lorgne clairement vers le travail de Syd Mead sur Blade Runner apparenté aux tours gigantesques à l’aspect pyramidal, la touche SF n’est jamais bien loin. Sean Gordon Murphy est également un passionné de voitures et motos, il apporte un soin particulier à croquer des véhicules aussi incroyables qu’improbables. L’étape de l’encre de chine s’attaque à l’ombre dans une noirceur profonde. Ce passage au sombre hante l’espace, il gagne en dimension par une excellente gestion du noir et blanc. Il s’applique de façon massive sur le papier en s’associant à une illustration méticuleuse. La mise en page retranscrit une tension insoutenable et une atmosphère de lutte primale, le lecteur entre dans le domaine du vrai choc graphique.  

Le triptyque de The White Knight s’élève au rang de saga incontournable, il est porté à bout de bras par un artiste chevronné. Force est de constater que Batman reste le champion incontesté catégorie poids-lourd de la bande dessinée US, il traverse les décennies en prenant peu de rides pour atteindre des sommets de pur divertissement. Il faut également souligner la traduction et le monstrueux travail éditorial qu’effectue Urban Comics sur ses somptueuses publications.

Chronique de Vincent Lapalus.

© Urban Comics, 2023.

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