LONELY CITY

Les dettes doivent être payées, c’est la règle d’or chez les voleurs. Dans l’éventualité où elles ne sont pas remboursées, cela veut dire que l’une des deux parties ne respecte pas ses engagements envers le code d’honneur. S’il y en a bien une qui est dure en affaires et à qui il ne faut surtout pas la faire à l’envers, c’est Catwoman. La divine féline est aux aguets et affûte ses griffes, l’album Lonely City concocté par Cliff Chiang paru chez Urban Comics nous explique le pourquoi du comment.

La nuit du fou est un événement tragique conduisant à la disparition ou la mort des masqués. La Bat-Family y est quasiment passée au complet, le commissaire Gordon inclus.

D’entrée de jeu, Selina Kyle sort de prison après avoir purgée une peine de dix ans. Elle a passé la cinquantaine, pue la taule, son palpitant déconne et ses articulations sont en miettes ce qui est lié à son ancien train de vie nocturne.

Les galères continuent car juste après l’ultime affrontement entre Batman et le Joker, une tempête a ravagé certains quartiers de la ville y compris son loft. Sans ressources, Selina rend visite à son vieil ami Oswald Cobblepot pour récupérer l’argent qu’il lui gardait au chaud. C’est peine perdue, puisqu’elle s’est faite escroquer dans les grandes largeurs par le Pingouin. Double-Face élu maire, reprend contact avec miss Kyle et lui ordonne d’arrêter les cambriolages de haute voltige sous risque d’un emprisonnement à perpétuité.

Les crapules sont devenues des personnalités respectables, la police s’est transformée en une milice privée à l’effigie du Chevalier Noir. Les batcops font régner la tyrannie dans les rues, c’en est trop pour Catwoman.

Selina décide de monter une opération de grande envergure avec l’aide de Killer Croc, Edward Nigma, Barbara Gordon et Poison Ivy. L’idée consiste à pénétrer à l’intérieur de la batcave étroitement surveillée afin d’activer un protocole caché dont Bruce lui avait parlé avant de rendre son dernier souffle. Elle souhaite mettre le feu aux poudres le jour de l’élection municipale afin d’en finir avec une décennie d’injustice. La chatte se métamorphose en lionne, les miaulements se changent en rugissements. Désormais chaque action entraînera une réaction féroce de sa part.  

Cliff Chiang officie en tant qu’auteur complet sur cet album incontournable. La quête de l’individu solitaire prêt à en découdre avec l’autorité et la notion du super-héros traqué voire banni par les institutions de la société moderne tiennent une place primordiale dans le scénario. L’intrigue défile au rythme de la force véloce, elle se dévore d’une seule traite. Le récit laisse l’espace nécessaire à un développement lisible et ingénieux. L’histoire lorgne du côté des bas-fonds et dégage une odeur d’effluves urbaines, elle est maîtrisée de bout en bout. Son attrait réside justement dans sa simplicité. C’est sans chichi et diablement efficace. Les personnages sont traités avec respect. Catwoman s’y prête à merveille grâce son background très riche, Chiang lui octroie le high level au niveau du charisme. Le créateur détonne par ses réinterprétations inédites du crocodile mutant, de l’homme mystère sans oublier sa version de la vénéneuse rousse incendiaire. En mêlant intention et mainstream, il apporte du relief à son casting en plus d’un équilibre en laissant au lecteur une sensation de lecture enjouée. L’héroïne iconique va leur mettre la trique électrique.

Concernant la partie graphique, la mise en page percute en raison d’un découpage élaboré. L’illustration est lisible et remarquable, les planches se croquent avec clarté et classe non sans une certaine pureté du tracé. L’artiste opte pour un dessin humble aux proportions impeccables, le trait priorise la simplification et la stylisation. Preuve qu’il est un narrateur talentueux. L’épure du crayonné s’allie à un encrage trapu pour virer au style ombré. La palette de couleurs complète à la perfection l’esquisse par des aplats lumineux et équilibrés, cette justesse nuancée instaure une atmosphère splendide.

Catwoman strikes back again, Lonely City est la version DKR de Selina Kyle. Cliff Chiang met en vedette et en images une version vieillissante de la minette voulant régler ses comptes face aux raclures de Gotham soi-disant honnêtes. Comme toujours à la célèbre cité, ça pète !         

Chronique de Vincent Lapalus.

© Urban Comics, 2023.

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