Elvira et Otto dans la jungle

« L’aaamour brille, sous les étoiles, d’une étrange lueeeeur !… » Elvira est une gazelle, Otto un éléphant. Et ils s’aiment éperdument. Martin Baltscheit et Max Fiedler sont deux auteurs prolifiques et multimédias (livres et court-métrages pour l’un, jeux et jeux-vidéos pour l’autre), plusieurs fois récompensés en Allemagne. Ils ont uni leurs talents pour réaliser la BD Elvira & Otto dans la jungle, une aventure haute en couleur et irrésistiblement drôle, parue aux éditions Rue de Sèvres.

Après un an à se tourner autour à chaque rencontre au trou d’eau, le pachyderme et sa mie se déclarent leur flamme, et nous offrent un dialogue aussi distingué que croustillant. Ils ne se laissent pas perturber par la horde de touristes avides de photos instagrammables, ni par la tribu de buffles faisant un boucan d’enfer. Mais la stupéfaction est totale lorsque le duo découvre une bizarre punaise plate, se nommant Siri. Un singe en costume de cirque arrive alors, et se lance, à l’aide de Siri, dans des explications sur les humains et leur mode de vie : ils sont entassés comme des termites – mais chacun dans son propre trou d’eau ; il y a des bus pour les grands troupeaux, et leurs champs sont une rue avec des magasins !… Vous l’aurez compris, le regard décalé et ébahi des habitants de la savane, alors qu’ils vont de surprise en surprise à grand renfort d’exclamations et de commentaires bien sentis, est une pépite de malice. Elvira et Otto se prennent à rêver d’habiter parmi les hommes… Jusqu’où iront-ils dans ce projet fou ?

Les dessins cartoonesques et parodiques ont le dynamisme d’un Tex-Avery. Le découpage en grandes cases donne une place centrale au couple inséparable. Il permet de développer paysages romantiques au coucher du soleil et scènes incroyables d’Elvira prenant son café sur une terrasse d’immeuble sous un grand chapeau et d’Otto dans le métro en costume vieux rose. Les couleurs sont bariolées et harmonieuses, et les rêves éveillés s’affranchissent des règles du dessin réaliste.

Cette bande dessinée cocasse, avec ses airs carnavalesques, ne manque pas de qualificatifs : divertissante, rafraîchissante, attendrissante… Le couple improbable échange avec grâce et classe, et ainsi la diversité qu’il représente devient tout à fait naturelle. Les auteurs démontent ainsi les préjugés : qui, des animaux ou des hommes, sont les plus étranges ? Un appel à l’ouverture, à la découverte, et des rires garantis ! Prochain épisode attendu avec impatience.

Chronique de Mélanie Huguet – Friedel.

© Rue de Sèvres, 2023.

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