De quoi peuvent-ils bien avoir à se venger, ces fameux bibliothécaires ? me suis-je demandé en manipulant ce joli format à l’italienne et à la couverture lustrée paru aux éditions 2024. Curiosité éveillée, la lecture était imminente !
Parcouru en une fois mais que l’on peut reprendre au hasard pour le simple plaisir de sourire d’un strip, La revanche des bibliothécaires est un recueil de planches d’illustrations de Tom Gauld parues dans le cahier littéraire dominical du Guardian. L’auteur et illustrateur écossais y officie comme dessinateur de presse, ainsi que dans d’autres parutions à grand tirage, pour y régaler son lectorat de son humour tout « britannique » !
Dans cette anthologie, il dessine avec simplicité le monde du livre, au sens le plus large, de l’écrivain au lecteur en passant par l’éditeur, le libraire ou encore le critique littéraire… enfin, pour être plus exacte, son monde du livre, de plutôt léger et bienveillant à gentiment ironique et décalé…terriblement actuel aussi lorsqu’il évoque la crise sanitaire et l’impact du confinement sur la sphère littéraire. Le dessin va à l’essentiel et, bien qu’il voisine assez souvent avec le schéma, n’est pas simpliste pour autant ; très agréable à lire et à suivre, les mots et les petites silhouettes de Tom Gauld vous promènent des « panneaux de signalisation pour romans gothiques » à « quelques noms de collectifs littéraires » avec un humour savoureux teinté d’une juste pointe de malice. Les couleurs, en à-plat le plus souvent, sont sobres sans être ternes ; pas de contrastes « flashy » chez Tom Gauld mais des choix chromatiques qui m’ont plu et ont contribué à mon plaisir de le lire en conférant un caractère feutré et un peu naïf à chaque illustration.
Chaque planche donc, en dessin unique ou en suite de vignettes, se suffit à elle-même et traite d’un point choisi par l’auteur : parodie de titres de livres, vie quotidienne d’un écrivain, processus créatif d’écriture, comportement du lecteur compulsif, générateur drolatique d’idées… autant de thèmes qui ont sacrément amusé l’amoureuse des livres que je suis.
Enfin, pour répondre à mon interrogation de départ, je vous dirais simplement que j’ai parcouru avec ravissement cet opus gauldien où le bibliothécaire, égal à lui-même, peut porter sur ce petit monde livresque et agité le regard serein de celui qui garde les clés du temple. Amoureux des livres, bouquins, manuels, écrits, volumes, tomes, et autres recueils, carnets ou albums, faites-vous plaisir avec la lecture de celui-ci ! 

Chronique de Louna Angèle.

©Éditions 2024, 2022.