LE PRINTEMPS DE SAKURA

Tout comme le soleil se levant au point du jour, Le printemps de Sakura de l’autrice Marie Jaffredo aux éditions Vents d’ouest chez Glénat nous présage une journée éblouissante, sous le signe de la grâce et de la légèreté.

Sakura, eurasienne de 8 ans, vit à Tokyo avec son papa d’origine française. Sa maman est décédée à la suite d’un accident, il y a de ça quelques années. Ils ont de la peine à surmonter le vide qu’elle a laissé. Lorsque son père apprend qu’il va devoir s’absenter quelques jours à l’étranger pour son travail, il décide de la confier à sa grand-maman japonaise Masumi. Sakura n’est pas enchantée par cette idée. Elle est toujours partie en vacances chez ses grands-parents paternels qui vivent en Europe et connaît peu sa mamie du Japon. Il ne lui reste que de rares souvenirs de ces brèves rencontres.

Ce n’est pas de gaieté de cœur que la petite fille prend place dans le « Shinkansen » qui les mène dans le tout petit village de bord de mer où vit sa Obaa. A leur arrivée, elle est submergée par l’odeur maritime. Cette senteur lui rappelle des souvenirs. Le premier contact avec son aïeule n’est pas facile. Elle parle trop vite et Sakura à de la peine comprendre le japonais. Le lendemain quand l’enfant se retrouve seule avec la vieille dame, la période d’apprivoisement commence.

Matsumi l’embarque sur sa Vespa et lui fait faire le tour de l’île pour lui présenter ses amis, ainsi que ses endroits favoris. Mais ce qui va le plus captiver la fillette, ce sont les repas qu’elles vont préparer ensemble et partager. Chez elle, dans la grande mégalopole, elle ne mange que des plats cuisinés occidentaux. La révélation de toutes ces saveurs inconnues éveille en elle un nouvel intérêt pour ce pays et ses traditions qu’elle ignore. Sa grand-mère lui parle de son enfance, de sa jeunesse, de son grand-père parti trop tôt, du folklore et des traditions locales. Une solide complicité grandit entre les deux parents.

Sakura, qui veut dire cerisier en français, est un prénom, mais aussi un arbre fêté au Japon au début du printemps. Le « Hanami » ne dure que quelques jours, voire quelques heures. Chaque année de nombreux Japonais se réunissent aux pieds des cerisiers pour admirer cette floraison éphémère. Cette beauté tant recherchée par ce peuple asiatique est merveilleusement retranscrite dans les pages de cette délicate bande dessinée. La couverture est élaborée avec tant de douceur qu’au premier coup d’œil, on a envie d’ en découvrir le contenu. Le premier chapitre est ponctué de pages en couleurs et d’autres en noir et blanc. Celles-ci nous dévoilent le moment tragique de la disparition accidentelle de la mère de notre héroïne. Chaque partie de l’album porte un titre et est estampillé du kanji « 桜» Sakura – Cerisier et d’une illustration en demi-page. Cela apporte à l’ouvrage une incroyable élégance. Son graphisme tendre, soyeux et l’utilisation d’un papier mat révèle intensément les couleurs qui se déclinent parfois de teintes pastel et qui deviennent plus soutenues et vives au fil de l’histoire. Un récit sensible et poétique, qui nous laisse à son terme avec un goût d’éternel bien-être et l’envie d’aimer son prochain.

Rarement une composition m’aura autant émue que Le printemps de Sakura. Cette œuvre bienveillante, apaisante et lumineuse est à lire et à relire dès que la monotonie pointe le bout de son nez.

Chronique de Nathalie Bétrix

©Vents d’Ouest, 2022.

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  1. J’aime beaucoup les histoires émouvantes où se noue une belle relation intergénérationnelle, en plus d’aborder des thèmes sensibles.

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