Les bienheureuses

Avec  Les bienheureusesMarcel Ruijters signe chez The Hoochie Coochie treize histoires de saintes rocambolesques, un trésor d’intelligence à la fois drôle, cynique, critique et fin.

Elles sont réunies dans un écrin splendide, un livre souple un peu magique au maquettage très élaboré. Il est doté d’une jolie couverture percée en forme de vitrail et d’enluminures du plus bel effet.

L’artiste a imaginé des récits dans lesquels il raille gentiment les contenus farfelus que l’on peut lire à loisir dans nos livres sacrés. Avec des portraits divertissants et ludiques, il revisite les classiques et même l’univers des contes et il le fait avec malice et habileté.  Bien sûr, il s’amuse, exagère avec la seule ambition de nous faire sourire et comme il est très doué, il y parvient à tous les coups. Chaque chapitre est introduit par un médaillon coloré et se décline en quelques pages. Ils témoignent toujours d’une éblouissante inventivité.

Les textes sont travaillés et succulents.

Le dessinateur porte l’art médiéval à son zénith. Il nous plonge dans une période dure et cruelle avec un découpage vintage et inspiré aux formes recherchées. On peut y distinguer de nombreuses croix et des cases cernées de noir ou de liserés élégants. Les planches ont des allures d’images pieuses. Elles sont pourvus de riches détails et composées comme le faisaient jadis les artisans les plus talentueux.

Le lecteur est embarqué dans une farandole lumineuse et il en prend plein les yeux.

Le dessin caricatural, la richesse des illustrations, les animaux extraordinaires et la nature des êtres qui habitent la narration mais également la variété et la vivacité des couleurs choisies contribuent à faire de cette œuvre originale un opus d’une beauté diabolique.

Avec Les bienheureuses, l’auteur néerlandais nous offre un recueil somptueux, un régal pour les yeux, un travail d’orfèvre au service d’un pastiche piquant et subtil qui n’est toutefois pas à mettre entre toutes les mains. Un bon sens de l’humour et une solide ouverture d’esprit sont recommandés pour apprécier ce petit bijou.

Chronique de Stéphane Berducat.

© The Hoochie Coochie, 2022.

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