MEZKAL

Pour sa première bd, Kevan Stevens frappe fort. Cet expert en scénario  qui travaille essentiellement pour le cinéma et la télévision s’associe au pétillant Jef pour concevoir chez Soleil un roadtrip survitaminé, explosif et typé intitulé MEZKAL.

Si vous aimez les bandes dessinées décalées et ultra-violentes dans lesquelles on ne se prend pas au sérieux, alors ce one shot est fait pour vous !

C’est l’histoire d’un jeune américain qui part à l’aventure après le décès de sa mère. C’est la quête d’un père qu’il n’a que très peu fréquenté et des rencontres, celle notamment d’une sublime indienne, Leila, qui va entraîner notre héros prénommé Vananka dans les pires emmerdes imaginables. A partir de là, tout part en vrille. Accrochez-vous à votre fauteuil, ça va décoiffer !

Pour écrire ce récit, le script doctor est parti de quelque chose de très personnel, il s’est lui-même rendu au Mexique il y a quelques années et il a traversé le désert. Il a rapporté de ce voyage pas mal d’idées mises en cases à l’aide de son compère bédéiste qui l’accompagne non seulement au dessin mais aussi dans l’écriture des dialogues. Ils signent ensemble un livre épais, exutoire, un divertissement musclé, complètement délirant qui fait un peu figure d’ovni dans le paysage éditorial actuel. C’est un réel kiff viril et culotté. Les textes sont ciselés, percutants, amusants et grinçants et les nombreuses scènes d’action sont complètement folles et sanglantes.

On ressent totalement cet amour chez les auteurs de la culture et du folklore mexicain. Le choix des couleurs, les lézards, les têtes de mort, son désert, la criminalité et la drogue aussi. Tout y est !

La musique tient également un rôle majeur, notre héros part sur la route avec sa guitare et les titres de  l‘immense Carlos Santana hantent la narration. Le mélange entre musique mexicaine et le rock est toujours séduisant. Bob Dylan est également présent. Le musicien place son objet fétiche un peu partout, comment lui en tenir rigueur ?

Mezkal c’est un western contemporain, quelque chose de très fort mais aussi de complètement dingue et déjanté.

Jef utilise un dessin cartoonesque qu’il maîtrise parfaitement. Pour son héros, il a constitué un « moi idéalisé » en plus jeune qu’il a déjà utilisé pour d’autres albums, notamment les sublimes adaptations de Walter Hill avec Matz chez Rue de Sèvres. Il a effectué de conséquentes recherches sur les véhicules (motos, camions et voitures) et ça se sent.

Pour son découpage, il a retenu pas mal de cases panoramiques auxquelles il agrège des cases aux formes assez improbables. Le rendu est assez original, très dynamique et puissant.

Comme d’habitude avec cet artiste, chaque case est un dessin à part peint à la main avec des encres colorées. Il rajoute ensuite les aplats, quelques ombres, puis réhausse les couleurs avec photoshop donnant ainsi vie à des tons pétants et immersifs surréalistes.

Mezkal est un ouvrage mystique, rafraîchissant et épicé qui ravira les cinéphiles.  C’est une proposition piquante hautement esthétique qui vous emmènera bien loin des sentiers battues.

« Rrr, sabor ! »

Chronique de Stéphane Berducat

©Editions Soleil, 2022.

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