C’est le choc des titans, l’heure de la baston. Deux super-héroïnes vont régler leurs différends au milieu d’un terrain vague et elles ne vont pas faire dans la demi-mesure. Ça se passe dans Kick-Ass : The New Girl tome 4 aux éditions Panini Comics. Ce mignon crossover qui en a dans la culotte est dynamité par Steve Niles, Marcelo Frusin et Sunny Gho. Force est de constater qu’aux établissements Millar, on sait botter des culs !
D’un côté nous avons Patience Lee, la nouvelle incarnation de Kick-Ass. Une ex militaire revenant d’Afghanistan qui subvient seule aux besoins de sa famille. Patience a un job alimentaire et ce n’est pas la vie rêvée. La ville d’Albuquerque au Nouveau-Mexique où elle réside est dominée par les cartels de la drogue. La protagoniste se débarrasse du parrain local et va prendre sa place à la tête de l’organisation. Côté vie privée, elle se trouve un chéri (Coop), reprend ses études et s’occupe de ses enfants. Patience doit impérativement cesser son activité de justicière. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle car ses hommes de main ont décidé de se retourner contre elle. Si Patience veut regagner sa tranquillité, elle doit exterminer ses poursuivants. Sauf qu’une fauteuse de troubles va débarquer et foutre un sacré merdier.
De l’autre, la psychopathe miniature Hit-Girl se pointe dans les parages. Cette charmante jeune fille pleine d’entrain fut formée par son papa Big Daddy au combat «tout terrain». Mindy McCready de son vrai nom, se payait des vacances en bouclant un tour de monde sanguinolent. Elle a visité les coins les plus pourris du globe. Les cadavres encore chauds se comptent par paquets de douze car Hit-Girl est la meilleure dans sa catégorie. Mais elle se sent bien seule depuis la mort de son papounet et la fin de l’activité costumée de Dave Lizewski (le premier Kick-Ass). Dave était son pote, son binôme de cape et son béguin. C’est encore une bonne raison pour Mindy de détester Patience et de la faire disparaître définitivement. Hit-Girl possède les moyens et tout un arsenal pour mener à bien sa mission.
Le dénouement implique de tuer massivement et peu importe l’issue, il est sûr que Patience Lee ne fera pas une grande carrière en tant que Kick-Ass !
Steve Niles a repris le titre phare de Mark Millar avec Marcelo Frusin aux manettes. Il est surtout connu pour 30 Jours de Nuit, Criminal Macabre et Big Foot. Il est l’un des artisans du dark et de l’horrifique dans le comic-book. Niles change de registre mais apporte tout le mordant de sa plume au genre blockbuster. Ce scénariste déroule avec simplicité et efficacité l’histoire d’une smicarde cagoulée qui tente de joindre les deux bouts. Il se sert de Hit-Girl comme détonateur puis lance l’action avec frénésie et exploite ce côté rageur de manière totalement assumée. L’auteur alterne les moments de calme avec les déchaînements de fureur, ce qui lui permet de gérer et de doser parfaitement l’action du récit.
Marcelo Frusin est à l’opposé du trait anguleux et massif de John Romita Jr. L’argentin a travaillé sur Hellblazer, Loveless et L’Expédition. Ce dessinateur possède un crayonné naturaliste, sa mise en scène est fringante et les planches se succèdent avec adresse. Frusin injecte de l’intensité dans ses pages et ses cases. Il met un point d’honneur à soigner les regards, sourires ou faciès des différents intervenants. L’illustrateur prouve que l’expressivité d’une image peut-être aussi évocatrice que le texte. Il utilise un encrage nuancé comme son compatriote Eduardo Risso pour mettre en avant un dessin voluptueux.
Sunny Gho se charge de la colorisation, la palette de couleurs se fond à merveille au coup de crayon de Frusin. Les teintes ont de l’allure, la pigmentation se travaille avec clarté et style. Gho n’a pas besoin d’en faire des tonnes, il sait être percutant prouvant au passage qu’il est un enlumineur de talent.
Cette ère inédite de Kick-Ass prend fin avec ce présent volume. Quel loser magnifique osera prendre la relève de Dave et Patience ? C’est un mystère éditorial dont le concept de renouvellement possède le pouvoir d’alimenter l’intérêt de la série pour encore de nombreux épisodes.
Chronique de Vincent Lapalus

© Editions Panini Comics, 2021.