La jeune femme et la mer

J’ai toujours été attirée par le pays du soleil levant, il était donc évident que la dernière création de Catherine Meurisse aux éditions Dargaud allait éveiller ma curiosité ! La jeune femme et la mer résonne comme un poème, cela tombe bien on y évoque le haïku.

De tous les titres que j’ai lus de cette autrice, c’est indéniablement celui qui m’a le plus enthousiasmé. Elle nous a habitués à des écrits évoquant des thématiques graves telles que : l’art, la justice ou le féminisme. La légèreté, parue en 2016, nous dévoile avec force sa reconstruction suite aux attentats de janvier 2015. Elle a ensuite réalisé Les grands espaces dans lequel elle revient, avec sensibilité et humour, sur son enfance. Catherine Meurisse écrit ses récits sur le ton de la plaisanterie, ce qui donne à ses histoires une certaine candeur. A la lecture de la jeune femme et la mer, jel’avoue, j’ai bien souvent éclaté de rire. Notre héroïne maladroite, aux connaissances des plus aléatoires en japonais, nous fait vivre des moments caustiques !

La jeune dame est partie dans ce pays lointain, car elle rêve d’y immortaliser de beaux paysages. Elle prend place dans une résidence dédiée à la location de studios pour artistes. La vue est imprenable pour l’administration, mais pas pour les invités. Lors de ses explorations, elle est fascinée par les décors qui l’entourent. Cette foisonnante verdure, lui rappelle l’atmosphère qui émane des films de Miyazaki. Au fil de ses découvertes la dessinatrice est abordée par un Tanuki exubérant qui l’accoste pour faire causette et lui offre un pinceau constitué de ses poils. Elle côtoie également un peintre compositeur d’haïkus qui cherche à représenter sur une toile une femme. Leur rencontre avec une vieille dame à moitié sourde les pousse à se rendre sur les traces de l’irrésistible Nami. Victime d’une malédiction, la jolie est aimée de plusieurs prétendants qu’elle épouse et dont elle divorce à chaque fois.

Les rebondissements les plus amusants ne manquent pas dans cette bande dessinée. Entre folklore nippon et philosophie, l’illustratrice française nous propulse dans des situations aux aspects les plus fantasmagoriques. La composition de cet album, autant par sa narration que par son illustration est d’une grande beauté. Elle a su y insuffler tout ce qu’il faut pour en faire un ouvrage incontournable. Le graphisme, telles les estampes des deux grands maîtres du genre, Hokusai et Hiroshige, nous émerveille par son raffinement. Les planches sont élégantes et le visuel est partagé entre un Japon ancestral et un autre plus moderne. Les panoramas qu’elle dépeint sont somptueux et riches. Tel un livre d’art, je me vois le parcourir encore et encore, assoiffée de tant de grâce.

Elle mélange à la perfection le côté caricatural de certains de ses personnages et la finesse des autres. Cela donne parfois l’impression qu’elle a fait un montage de ses productions sur des compositions qu’elle a dérobées à un autre interprète.  C’est tout à fait fascinant ! Les couleurs d’Isabelle Merlet sont sublimes.

On l’aura bien compris le dernier titre de Catherine Meurisse est indispensable et si vous avez envie de vous faire plaisir, venez faire un tour dans mon charmant pays, la Suisse, pour y découvrir l’exposition qui lui est consacrée au Cartoonmuseum de Bâle, du 6 novembre 2021 au 13 mars 2022. Moi, j’y cours de ce pas !

Chronique de Nathalie Bétrix

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