Avec La princesse guerrière, Alexander Utkin est de retour imaginant au splendide roi des oiseaux une suite enthousiasmante et un régal visuel garanti.
Même si la lecture du premier opus n’est pas obligatoire, elle est toutefois vivement recommandée pour saisir toutes les subtilités et clins d’œil qui sont extrêmement savoureux et nombreux.
Ce roman graphique ovni édité par Gallimard a été distingué à Saint Malo par l’incontournable festival Quai des Bulles. Il a également reçu le très prestigieux prix jeunesse de l’ACBD en 2020 ce qui en dit long sur ses qualités.
Une fois de plus, l’artiste, amateur de contes africains et japonais extrait du folklore russe des histoires qu’il revisite avec un talent certain.
Ses récits sont brillamment chapitrés et distillés. Son découpage immersif démontre un sens de la narration affûté. Même si l’objet est copieux, on prend beaucoup de plaisir à compulser ce livre dessiné d’autant qu’il contient des êtres fascinants dotés de couleurs qui en mettent plein la vue. Que dire des trois cavaliers, du gardien de pierre ou encore de l’oiseau Nagaï ? Qu’ils sont à la fois fantastiques et inspirés !
Quel bonheur de retrouver Gamaïoun, oiseau magique à tête humaine ! Cet emblème de la mythologie slave, guide omniscient et intrigant n’a pas son pareil pour capter l’attention en entrainant malicieusement les jeunes lecteurs avec ses multiples rebondissements. On découvrira d’autres personnages qui ne manquent pas de courage ; de véritables héros qui feront briller les yeux de nos bambins.
Ce sont deux intrigues que l’auteur russe nous propose cette fois. L’ouvrage débute par Vassilissa et la poupée, un épisode qui n’est pas sans rappeler Cendrillon mais en plus pêchu. Au menu, un père mourant et abusé, une affreuse belle-mère mais également une quête de feu éternel assez exaltante, une mise à l’épreuve impitoyable et une sorcière Baba Yaga surprenante.
Dans un second temps, on est littéralement captivé par les pommes d’or. On y suit le périple de trois frères partis chacun leur tour quérir un fruit doré afin de sauver leur paternel moribond. Cette fresque épique est immanquable, elle est remplie de belles rencontres et de bêtes somptueuses. Et puis, il faut reconnaître que cette princesse en jette. Elle est belle à regarder, conquérante et déterminée.
Au final, Alexander Utkin fait encore sensation avec un album qui possède bien des attraits. Il est indéniable que cet habile créateur excelle pour dépoussiérer les contes en les enrobant d’univers oniriques envoûtants. Il est l’artisan d’un esthétisme ravageur qui ne peut qu’emporter l’adhésion tant il est exceptionnel et singulier.
Chronique de Stéphane Berducat.