Force est de constater que l’un des phénomènes des années quatre-vingt fait un retour fracassant sur nos étagères. La série régulière actuelle des Tortues Ninja en est à son treizième volume et l’intérêt ne faiblit pas. Il serait fort dommage de passer à côté, surtout que ce comic-book est supervisé par une équipe créative qui ne manque pas d’idées. Kevin Eastman, Bobby Curnow et Tom Waltz se chargent d’un scénario alléchant. La nouvelle recrue Sophie Campbell partage le crayon avec le surdoué Mateus Santolouco tandis que Ronda Pattison pose les teintes avec agilité et les éditions HiComics se chargent de la traduction.
Un bref résumé s’impose. Vous êtes prêts, c’est parti !
L’heure est au grand chambardement. Après un combat enragé sur les toits de New-York entre les TMNT avec à sa tête Splinter et le clan du Foot mené par Shredder, la victoire revient au maître rongeur. Le mulot adepte du bushido, décide de prendre le commandement des assassins japonais à la place de son ennemi juré qui sévit sur la ville qui ne dort jamais. Nos quatre tortues sont dans l’incompréhension la plus totale, le rat souhaitait éradiquer pour de bon cette société secrète mais il en devient le sensei incontesté. Un schisme éclate et notre quatuor de ninjas retourne dans les égouts sans leur mentor. Les mutés sont divisés désormais en trois groupes. Les reptiles shinobi à carapaces, Hob le félin félon avec sa clique de mutants et pour finir les yakuzas de la plus dangereuse organisation criminelle d’Asie.
Hamato Yoshi (Splinter) dirige le Foot mais Kitsune la sorcière tente une mutinerie afin de renverser son nouveau chef en manipulant mentalement Alopex la renarde. L’insurrection échoue et la femelle carnivore s’échappe. Raphaël et Nobody, une alliée et combattante hors-pair, partent en Alaska sur les traces d’Alopex justement. Cette dernière est toujours très affectée et sous l’emprise de cette diablesse de Kitsune. Mais Raph, le colérique et impulsif de la bande, a des sentiments pour le petit canidé et veut ramener sa bien-aimée à ses côtés.
Pendant ce temps-là, la FPT (la Force de Protection pour la Terre) et sa cellule Dark Water, dirigée par l’agent Bishop et le colonel Knight, passe à l’offensive. Les mutanimaux ont causé d’énormes dégâts lors d’affrontements successifs à NYC et leurs divers QG sont pris d’assaut simultanément. Des frappes conjointes sont organisées pour séquestrer toutes les créatures altérées recensées comme dangereuses. Le « man in black » Bishop utilise Slash, le chélonien monolithique précédemment enlevé, comme arme létale et ultime pour combattre ses congénères. Un déluge de feu (nourri) va s’abattre. Leonardo fera équipe avec Hob, il prendra la tête de la rébellion et deviendra le nouveau leader des insurgés.
Les trois scénaristes à la barre signent une bande dessinée qui reste passionnante à lire. Les auteurs ne manquent pas d’inventivité et de trouvailles pour garder leur lectorat en haleine tome après tome. Ils sont bien inspirés et mêlent avec efficacité le côté blockbuster entertainment à une intrigue excitante et trépidante. Ils livrent un script digne d’une superproduction affûtée comme la lame d’un katana. Le récit est équilibré et rythmé. L’histoire défile de manière spectaculaire et imparable. Elle allie divertissement, pop-corn avec une touche émotionnelle subtile. Les créateurs ne ménagent pas leurs personnages, les héros vont courageusement au-devant de leurs adversaires et du danger avec témérité et humour. L’occasion leur est donnée de développer les protagonistes en profondeur et dans le détail. Mais quand l’action est lancée, elle va à cent à l’heure et elle n’est pas prête de s’arrêter.
Pour le dessin Sophie Campbell se charge du premier chapitre. Le brésilien Mateus Santolouco reste l’artiste que l’on retrouve de manière récurrente sur la série, il s’occupe donc logiquement des quatre suivants. Ils sont épaulés par Ronda Pattinson pour la mise en couleur. Il faut bien avouer qu’avec un tel collectif au niveau artistique, toute la team se lâche et fait des merveilles. La partie graphique est à l’image de son synopsis. Ça va fort, ça va vite et ça bouge. On en prend plein la gueule. Du crayonné au découpage, en passant par l’encrage sans oublier les nuances, tout est infaillible. Le storytelling est séduisant et rehaussé d’élégance. La cinématique « punchy » et la dynamique « funky » sont au rendez-vous. Le dessin renversant de qualité a tout pour plaire et retranscrit une folle énergie. La pagination capte l’attention, elle crée une connexion intimiste. On ne peut qu’en redemander…
En définitive, je recommande chaudement cette nouvelle reprise des Tortues Ninja aux éditions HiComics. Ce titre est tout simplement un véritable rouleau compresseur qui nous réserve encore de bien belles surprises pour la suite. Un retour de Krang équipé de son Technodrome ? Vous voulez me faire croire à la mort d’Oroku Saki ? Ou peut-être à l’apparition d’une cinquième tortue officielle ? Tout est possible avec ce comics ! Alors arrêtez de lire cette chronique et filez chez vos libraires pour vous le procurer. Cowabunga et pizza pour le tout le monde, les gars!
Chronique de Vincent Lapalus.