C’est dingue, aujourd’hui j’ai de nouveau six ans. Comme quoi la lecture de Batman Les Contes De Gotham publié par les éditions Urban Kids a le pouvoir de me rendre mon âme d’enfant. C’est un petit livre attrayant et lisible ce qu’il doit aux talents combinés de Derek Fridolfs et Dustin Nguyen.
Il était une fois Damian Wayne, fils prodigue né de l’union de Bruce et Talia. Malade, il reste couché et emmitouflé sous sa couette. Il attrape un livre de contes et le feuillette. Il s’endort paisiblement et le voilà parti pour une aventure trépidante où il n’est qu’un pantin de bois qui rêve de devenir comme son père le meilleur petit garçon justicier. Ses consciences Alfredo Cricket et Bat-Mite l’accompagneront dans des péripéties mouvementées. Il devra affronter le club des redoutables méchants de Gotham, s’enfuir du pays du Sous-Rire pour finir dans le ventre d’une baleine blanche qui l’enverra directement à l’asile afin de ramener la justice chez les dingos. Waynocchio a été dorloté dans les bras de Morphée…
Un joyau inestimable a été volé et c’est à l’inspecteur Bullock de le retrouver. N’ayant aucun indice pour le mettre sur la piste, il convoque au commissariat tous les criminels récidivistes, mais rien n’y fait. Une fois tous enfermés, nous ferons connaissance avec le coupable. Mais pourrait-il trouver le sommeil avec ce caillou caché sous son matelas ? Peut-être pas, si une nuit épouvantable l’attend avec une forte démangeaison en se recouvrant de ses draps…
Alfred veut se faire une infusion avant de rejoindre son édredon. Il trouve quelques feuilles pour faire son bonheur. Subitement, le voilà atteint de nanisme et par la suite de grandeur. Il tombe de l’autre côté du miroir. Alfred prend la place d’Alice, Pingouin devient Chenille. Catwoman est le félin Cheshire de la malice et Nigma le lapin blanc pour qui le temps part en vrille. Le domestique de maison doit sauver Batman du Chapelier Fou mais le Roi J et la Reine de carreau ne l’entendent pas de cette oreille. Moralité, Alfred devrait se renseigner afin de savoir quel psychotrope a été dilué dans son thé avant de l’ingurgiter…
Le vent du Grand Nord peut être très perçant. Batman va devoir demander l’aide de la Reine des Neiges car le froid est grandissant. Il doit retrouver un mystérieux individu, la princesse aux flocons l’accompagne pour braver la tempête qui leur est tombée dessus. Sur la route, ils croiseront le chemin d’Ivy et la nature. Gagnés par sa chaleur, ils continueront leur mésaventure. Cet idiot de Freeze est coincé dans la glace comme un pauvre bâtonnet et submergé jusqu’au cou dans la banquise. Pour conclure, ne jamais croire que l’on est perdu ou abandonné car il y aura toujours une main tendue pour vous aider…
Derek Fridolfs se réapproprie et adapte les classiques de Carlo Collodi, Lewis Carroll et Hans Christian Andersen. Ces histoires gagnent à être transposées à l’univers de Batman. Tout devient plus merveilleux et chatoyant. Une écriture simple et joyeuse qui s’adresse à un lectorat en bas âge. La violence est édulcorée, le ton et le texte y sont plus légers. Pour le coup, les conclusions se prêtent à l’espoir ou à une morale sympathique. Une prose pleine de bons sentiments à la fois optimiste et très élégante.
Dustin Nguyen travaille son dessin d’une manière épurée. L’économie de trait est favorisée pour éviter la surcharge visuelle et aller à l’essentiel. Que ce soit pour les personnages ou les arrière-plans. Le crayonné simple se marie à des courbes arrondies voire généreuses. Le Kawaii se fond dans l’aquarelle pour rester dans un ton innocent. La pigmentation se dilue superbement bien afin de créer une mise en page gentille, naïve aux nuances affectives. C’est beau lorsque l’on travaille le papier avec de la peinture à l’eau.
Que dire de Batman Les Contes De Gotham ? Eh bien, que c’est trop mimi ces fables mâtinées de chauve-souris et ce volume devrait plaire à nos bambins mais aussi aux grands.
Chronique de Vincent Lapalus.