Porté par les couleurs rouge, bleu et vert, L’attentat de Milan Hulsing, est une étonnante adaptation du roman d’Harry Mulisch, parue en 1984, aux éditions Calman-Lévy. Cette bande dessinée trouve indiscutablement sa place dans le catalogue, aux multiples facettes de La boîte à Bulles ! Créée en 2003 par le journaliste Vincent Henry, la maison d’édition accueille des productions centrées sur la narration, le témoignage, ainsi que le voyage. On y trouve également une approche militante et parfois humoristique.
C’est en 2011 que je découvre pour la première fois l’artiste néerlandais Milan Mulisch, avec son récit Cité d’argile inspiré de Mohamed El Bisatie al Khaldiyya, édité par Actes Sud – L’An2. Pour ce titre, l’auteur a utilisé toute une panoplie de couleurs argile et sable. Ses deux adaptations sont originales et ont une forte intensité graphique ! Dans le premier on y trouve une illustration plutôt ronde et souple sans encrage, dans la seconde les traits sont fins et peu affirmés pour ses personnages, comme des crayonnés, mais les paysages sont de couleurs vives et soutenues, ce qui donne l’impression que l’ouvrage est incandescent.
Je dois l’avouer, il ne m’a pas été facile de m’immerger dans ce roman graphique. Je crois m’être tant attachée à sa couverture, que les premières planches m’ont surprise. Ce bleu, ce rouge, l’introduction en général… En même temps, tout cela me semblait particulièrement intrigant.
Bigrement bien ficelé, il faut attendre la fin de l’histoire pour que le puzzle se mette en place. Ce complot historique se lit et se décline comme une intrigue policière. L’action débute en 1952. Anton n’est pas revenu dans son village natal Haarlem, aux Pays-Bas, depuis janvier 1945. Lors d’une nuit hivernale, un collaborateur nazi est abattu dans sa rue et traîné devant la porte de la maison où il vit avec ses parents et son frère. Des soldats nazis conduisent des exactions aléatoires. Ils mettent le feu à sa maison, il sera le seul survivant, il n’a alors que douze ans.
Ces événements évoluent au fil des dates et des lieux qu’Anton va traverser et visiter. Au fur et à mesure qu’il grandit, il découvrira ce qui s’est vraiment déroulé ce triste soir de 1945. Marié et père de famille, il retrouvera de vieilles connaissances par le biais de ses beaux-parents et comprendra que parfois ce qui semble évident ne l’est pas vraiment. Il aura passé tant d’années avec des à priori et des certitudes non fondées. Pas facile de se retrouver face à la vérité quand on a été bercé par autant de mensonges.
Cette œuvre atypique n’est pas facile d’accès. Pourtant, si on se donne la peine d’aller jusqu’au bout, on y trouve un réel plaisir. Elle devrait séduire les lecteurs de policiers et romans d’espionnage mais aussi ceux qui aiment les bandes dessinées historiques. J’ai lu peu de récits graphiques qui traitent de la seconde guerre mondiale aux Pays-Bas et là, coup sur coup, j’en découvre plusieurs. Si vous avez l’envie d’approfondir le sujet, je vous conseille de lire également les deux titres sortis aux éditions Champaka d’Erik de Graff Éclats et Cicatrices. Deux volumes qui retracent le vécu de deux jeunes personnes qui se retrouvent après la guerre et qui, suite à leur expérience, doivent se ré apprivoiser…
Parfois certains titres doivent se mériter, « L’attentat » fait clairement partie de ceux-là !
Chronique de Nathalie Bétrix.