Il n’y a pas plus déjanté et loufoque, dans la bande dessinée de genre western, que la série Calfboy aux éditions La Pastèque de l’auteur Rémi Farnos ! Ovni dans son genre, il aurait dû y avoir un seul volet, je suis heureuse que cela ne se soit pas le cas !
Chris et Burt Birden sont frères et leur « métier » est braqueur de banques, de trains, etc.. Après le dernier casse, Chris, qui est bien porté sur la boisson, s’est rendu dans le désert pour y cacher leur butin. Si celui-ci pensait bien faire, l’état comateux dans lequel il se trouvait, lui a fait perdre la mémoire. Quand son frère s’aperçoit de la disparition de l’argent, il donne pour mission à ce crétin, de retrouver l’oseille illico presto ! Ce qui devait être une simple formalité, va s’avérer plus compliqué. Quand on est bourré, il n’est pas facile de s’y retrouver. Il va donc tout reprendre à zéro. Il retourne à Helltown et promis, il ne boira aucune goutte de whisky…
Qu’ on lise d’abord le tome 1 ou le tome 2, ça n’a pas vraiment d’importance. Chacun des volets démarre au quart de tour et on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer. Dans le premier, on suit les péripéties de Chris et dans le tome 2 celles de Burt. Pour Chris, c’est la recherche du pognon, la rencontre d’un drôle de petit gars qui est à la poursuite d’un hors-la-loi dont la tête est mise à prix et qu’il veut dégommer. S’ensuivra la rencontre avec une étrange chaman, Oneida qui l’entourloupe et lui pique son cheval. Burt, quant à lui rencontre une certaine Oneida. Elle lui conseille de lâcher un peu ce frère trop tête en l’air et d’aller faire une attaque à main armée sans lui. Drôle d’idée, mais il se lance quand même. Le recrutement de l’équipe de futurs braqueurs ne va pas être reposant. Si son frère est un vrai manche, la fine fleur des bandits du Far West laisse un peu à désirer… Le petit galopin, qui finalement se trouve être Lise une orpheline, lui conseille de faire soigner le frangin pour son addiction ! Elle l’engage à aller voir « La » chaman, ce qui ne va pas vraiment plaire au frérot…
Il n’y a pas à dire, Rémi Farnos, a l’art de nous faire tournoyer de haut en bas et de droite à gauche, telle une folle ritournelle. Explosif et dynamique, on y trouve aucun temps mort. Tout s’enchaîne à un rythme diabolique. La mise en page y est pour beaucoup. Les cases se suivent, mais ne se ressemblent pas. Il appelle lui-même cette façon de procéder « la méthode moule à gaufre ». Les plans sont serrés les uns à côté des autres et le dessin évolue dans chacune des cases. Au final, cela donne une image complète. On retrouve son style, dans les albums sortis à la Joie de lire, Alcibiade et Le monde des végétanimaux , qui s’adressent à un public jeunesse. Cette technique fait clairement ressembler ses bandes dessinées à de petits films d’animation. Même s’il apprécie cette forme de mise en page, pour Calfboy son illustration et la présentation de ses planches a évolué. Il n’est pas trop à l’aise pour les expressions des personnages, il préfère donc les mettre en scène de loin et il laisse au lecteur le soin de les imaginer librement. L’attitude de ses petits bonshommes et bonnes femmes filiformes dépend de l’expression qu’il donne aux mouvements des corps et qui sont, eux, explicites ! Il dessine sur papier et met en couleur à l’ordinateur. Les teintes sont de tons pastels, beaucoup de verts, d’ocres et de bleu givré. Les nuits quant à elles, sont soutenues par un beau vert foncé satiné et un bleu abysse…
L’auteur est venu à la bande dessinée, un peu, grâce au western. Plus jeune il était fasciné par le travail de Christophe Blain sur sa série Gus . Épopée, qui elle aussi, évolue dans un rythme plus burlesque, tout en y joignant tout ce qui fait un bon western. L’auteur, peut être fier de sa revisite du genre ! Aussi passionnant et drôle que le film O’Brother des frères Coen, il faut bien reconnaître que suivre ces deux brigands est tout simplement exaltant.
Je n’ai qu’une envie, seller mon cheval, armer mon colt et retrouver mes deux lascars pour un méga guet-apens. Suivra, je l’espère, une nouvelle aventure de Chris et Burt, qui, peut-être, cette fois nous en apprendra plus sur la jeune Lise… Hiiiiiihaaaa !
Chronique de Nathalie Bétrix