RAVEN T1: Némésis

« Par mille sabords jeune jouvenceau, laisse-moi te conter la vie d’un flibustier parfois mouvementée. N’écoute point les sornettes et autres balivernes sur le beau brun ténébreux appelé RAVEN, attiré par l’or caché des mayas qui attise à Tortuga  convoitises et haines. Entends ce superbe boniment de Mathieu Lauffray grand graveur et forban. Missive produite par Dargaud, éditeur survivant d’îles inconnues flottant sur une embarcation de fortune à base de coquilles de bigorneaux ».

Bon, il va se taire un peu le fripon qui n’est rien d’autre qu’un marchand de poissons là…merci.

Rentrons dans le bain et le vif du sujet. Notre héros du jour se nomme donc RAVEN et mène une existence de patachon faite de rhum, de porc grillé et de malversations en tout genre qui de toute façon vont à vau l’eau. Sans compter que le destin l’a affublé d’une poisse naturelle qui n’arrange en rien ses affaires et ses conquêtes, si tant soit peu qu’il en ait. Mais un jour, son regard de « Sinbad » va croiser le chemin d’une carte qui mène à un trésor perdu des conquistadors sur l’îlot du morne du diable. Notre protagoniste qui est insouciant et tête brûlée, veut damer le pion à la distinguée concurrence. Il croisera le fer sur l’archipel de la tortue avec Lady Darksee sa rivale, une pirate chevronnée et respectée de son équipage dont la beauté n’a d’égale que sa cruauté. Sa quête de richesse tournera à la course-poursuite voire au contre-la-montre pour décrocher le jackpot. Véritable parcours du combattant pour échapper aux papous cannibales et aider par la force des choses de pauvres naufragés. Le personnage n’en a pas fini de ramer. 

Matthieu Lauffray continue d’approfondir le sujet de la piraterie qu’il avait pu entamer sur la série Long John Silver (aux couvertures envoûtantes) avec son scénariste et moussaillon Xavier Dorison. Toutefois, pour RAVEN et en solo en tant qu’artiste complet, le ton y est plus léger là ou sa précédente tétralogie abordait l’histoire de manière plus « posée » du dernier des pirates. Action non-stop, héros attachant et maladroit qui conduit à un humour cocasse et loufoque. Joli démarrage d’un blockbuster de papier à la lecture haletante pour faire durer le plaisir jusqu’à la dernière page.

Le dessin est à l’image de son scénario, c’est-à-dire énergique et frénétique. On sent toute l’influence de l’école américaine à chaque coin de page. Les protagonistes y débordent des cases, l’accent est mis sur l’expressivité des visages. Les gros plans sont soutenus par quelques superbes pleines pages, pour des cadrages à l’intimité et l’esthétique maximales aux vertus dynamiques de l’intrigue. Pour les couleurs, la prédominance du bleu fait merveille. Il nous plonge dans une apnée de la vaste étendue d’eau salée qui recouvre aux deux tiers notre belle planète, une composition qui enfonce jusqu’à l’immersion.

RAVEN se veut une magnifique mésaventure maritime exotique bleutée, couplée à un joli brin de nana avec un bel arrière goût de ratafia et…argh le revoilà !!!

« A toi margoulin lecteur, fripon, canaille. Maroufle, maraud, tu te railles !!! Prête l’oreille à la comptine de cet écumeur soi-disant séducteur. Sinon le trident de Poséidon s’abattra sur toi avec terreur. Tu subiras la colère des barbes rouges, bleues et noires qui t’empoisonneront les veines du venin fabriqué à base d’un liquide frelaté de bulots. La malédiction du hollandais volant et des plus terribles corsaires viendra arracher ton âme perfide au commun des mortels pour la jeter à l’eau ».

Pouh! tu te tais maintenant…bon ben y’a plus qu’à écouter le vendeur de poiscaille.

Chronique de Vincent Lapalus.

 

 

©Dargaud, 2020, RAVEN, Mathieu Lauffray.

 

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