Onofrio Catacchio est un auteur italien que je ne connais pas. J’aurais même pu dire que Pollock confidential édité au Chêne, est sa première bande dessinée. Mais en cherchant bien, je me suis rendu compte qu’il avait déjà mis le pied dans le monde de la BD. Son premier titre en français, Fils de l’enfer, est sorti en 2004 aux éditions Albin-Michel. Un one shot plutôt sombre qui se déroule dans la ville de Prague en 1609. Ouvrage, épuisé depuis. Il a également participé à la série Venom chez Panini un collectif de plusieurs auteurs en librairie depuis août 2019.
Avec Jackson Pollock, il change radicalement de registre et son trait a complètement évolué. Ces dernières années on peut dire que les albums biographiques ou les adaptations de textes littéraires sont dans l’air du temps. Si son dessin peut paraître assez statique et plat par moment, il colle très bien avec l’époque que l’on traverse dans ce récit. Le recueil est également rehaussé par de très belles planches de Catacchio. Elles nous présentent, sur des pages pleines ou doubles, l’artiste en train de peindre. Le mélange entre bande dessinée classique et touche plus artistique, met en avant un caractère particulièrement réussi pour cette œuvre.
Le parcours de cet homme est intrigant. L’auteur a su mettre en place une ambiance digne des plus grands films d’espionnages. « Les 3 jours du Condor », « Marathon Man » ou encore « L’affaire Pélican ». Si l’histoire débute en 1974, celle du peintre se situe vers les années 1948. En pleine guerre froide, la CIA lutte contre l’attrait exercé par le bloc soviétique sur les artistes et autres intellectuels occidentaux. L’homme aux multiples symptômes destructeurs : Alcoolisme, dépression, autodestruction et j’en passe, a un vécu des plus atypique. Dans la ville de New-York, il fréquente la place artistique de Greenwich. Sa rencontre avec Lee Krasner, artiste elle aussi, l’aidera à s’apaiser un peu. Malgré tout, ses excès finiront par détruire leur couple. Son côté volage y est certainement pour quelque chose aussi !
La particularité de cet album, est la manière dont l’histoire est posée. Elle oscille entre réalité et fiction. Tout débute par la rencontre entre Mr Adkins et Palma Bucarelli dans un musée à Rome. Ce dernier est ici pour lui demander le prêt d’une œuvre de Jackson pour une rétrospective à New-York.
Dan Adkins est un ancien agent de la CIA qui avait été mandaté, dans le temps, pour enquêter sur l’expressionniste abstrait. Le récit est parcouru de flash-backs qui nous révèlent les années éloquentes de sa vie, jusqu’à son tragique décès. Il meurt au volant de sa Cadillac, complètement saoul, le 11 août 1956. Onofrio Catacchio conclut son ouvrage par une postface qui apporte un tout dernier éclairage, sur la vie palpitante de cet homme hors norme. Aimé ou détesté, une chose est sûre il ne pouvait laisser indifférent. Moi, j’ai apprécié l’homme à travers les pages, sa peinture et je me suis mise à aimer ses tableaux démesurés et colorés. Je n’ai qu’un regret, c’est la couverture du livre. Je l’aurais aimée plus lumineuse et en couleur. Elle reflète trop le côté obscur du peintre et pas assez son aspect ardent…
Chronique de Nathalie Bétrix