Dire que Dawnrunner aux éditions HiComics était attendu, relève du doux euphémisme. L’association Ram V, Evan Cagle, Dave Stewart et Francesco Segala donne naissance à un comic-book cyberpunk hors normes aux proportions bibliques. Chers abonnés, le blockbuster de cette fin d’année est enfin arrivé.
Dans un futur proche, une faille s’est ouverte en Amérique centrale. Ce passage a déversé sur le continent des créatures destructrices nommées Tetzas. Depuis l’incident, un dôme protecteur et le rempart Moshaus Un furent érigés afin de contenir ces monstruosités à l’intérieur d’un environnement contrôlé.
Les robots Iron Kings ont été conçus pour lutter et terrasser les Tetzas, Anita Marr est la meilleure pilote de ces engins.
Ces combats titanesques sont devenus un vrai show audiovisuel, la retransmission est suivie par des millions voire des milliards de téléspectateurs. Elle est diffusée et sponsorisée par l’entreprise Cordonware. Comme disait Einstein : «Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire».
Les monstres s’adaptent après chaque bataille, ils deviennent de plus en plus féroces et audacieux. Néanmoins, la multinationale s’efforce de perfectionner sans cesse ses géants de fer.
Anita va pouvoir s’amuser sans retenue avec le prototype dernier cri fraîchement sorti des usines de Cordonware, Dawnrunner. Lors d’un affrontement avec un adversaire modèle exterminateur, elle ne se sent pas seule dans le cockpit.
Y’aurait-il un fantôme dans la machine ? Une menace imperceptible capable de gripper les rouages de cette belle mécanique et par effet papillon, de nuire sinon d’ébranler les fondations d’une société qui ne tient qu’à un fil…
Ram V voit les choses en grand et puise son inspiration dans la littérature, le cinéma et l’animation japonaise. Il nous vient à l’esprit Pacific Rim de Guillermo Del Toro, Evangelion d’Hideaki Anno ou Ghost in the Shellde Masamune Shirow. Il assimile et brasse ce melting-pot d’influences dans un projet pharaonique grâce à son écriture incisive et pointue. L’auteur débute par une trame classique du conflit Méchas/Kaijus en y ajoutant de la romance spectrale. Il explore les possibilités que lui offrent des thématiques comme la (trans)mutation du corps, la génétique, les enjeux politiques et philosophiques afin de créer un univers postcyberpunk cohérent aussi scientifiquement crédible que politiquement vraisemblable. Le récit est sophistiqué, il dépeint un monde empreint de violence et une héroïne principale névrosée. Les choix et actions des personnages ont de réelles conséquences, la narration alerte vibre au son des dialogues. Ce cocktail de concepts soigneusement dosé alimente une œuvre d’envergure déjà puissante. Ram V s’impose comme l’un des meilleurs scénaristes de sa génération autant sur le marché mainstream que du creator-owned. Dawnrunnerest un véritable voyage, une incursion intime dotée d’un souffle visionnaire.
Evan Cagle aura mis 4 ans pour produire l’intégralité de son premier album. Le résultat relève du domaine de la pyrotechnie graphique. Il fait preuve d’une grande maturité artistique en proposant un art séquentiel qui excelle dans plusieurs domaines. L’artiste possède une maîtrise imparable de la composition, du cadrage et des textures. Son dessin se couche sur le papier avec une précision chirurgicale, il se fond à l’intérieur d’une myriade de détails. Le character-design est incroyable, un soin particulier est apporté à la physionomie des visages et diverses expressions. Les arrière-plans ainsi que les décors sont saisissants de réalisme. La déflagration du découpage protéiforme n’est retenue que par les dimensions que lui imposent le papier, les cases à configurations multiples se fondent les unes aux autres. Les plans larges, les pleines et double-pages se croquent avec exaltation hissés par des perspectives azimutées. L’encrage s’applique grâce au galbe élégant que procurent le maniement de la plume et du pinceau, il se pose à bon escient pour déployer des volumes d’ombre et de lumière léchés. Dave Stewart épaulé de Francesco Segala se déchaîne et bombarde le visuel de tons électrisants et changeants, la palette de pigmentations et le procédé Benday ne cessent d’évoluer au fil du séquençage. La colorisation est en symbiose avec l’esquisse, ses nuances s’exhibent avec flamboyance et confèrent toute sa splendeur à un storytelling solide.
En Neuvième Art (contrairement au Septième), il n’y a aucune limite de budget ou en imagination. Dawnrunner est un one-shot novateur dans l’ère du temps, sa lecture transpire le bouillonnement créatif à chaque page. Le décollement de rétine côtoie la réflexion, l’émotion et la distraction avec cette nouvelle parution made in HiComics.
Chronique de Vincent Lapalus.


© HiComics, 2024.
Ca fait très « Pacfic Rim » avec une touche de téléréalité.
Par contre, visuellement ça a l’air dingue.
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