Que préférez-vous ? Fréquenter un mage ? Rencontrer une fée cambrioleuse ? Câliner un chat ailé ? Vous promener dans un Paris imaginaire joliment uchronique ? Faire une incursion dans l’OutreMonde, aux allures médiévales et fantastiques ?
La bonne nouvelle est que vous n’aurez pas à choisir en dévorant les deux tomes des Enchantements d’Ambremer édités chez Drakoo ! A noter que ce « Paris des Merveilles » est en premier lieu un ensemble de romans de Pierre Pevel, devenu une franchise et qui ne cesse de s’enrichir depuis 2003 avec la parution du premier volume du cycle d’Ambremer. Toute une épopée possible donc… Ici, ce diptyque de bandes dessinées correspond au premier tome des romans.
Pierre Pevel a imaginé un monde de fantasy où, à la suite d’une Grande Guerre suivie d’une Renaissance, les mondes humains et magiques se connaissent et interagissent. Dans ce Paris Belle Epoque du début du XXème siècle, la Tour Eiffel est en bois blanc, les mages ont pignon sur rue, les artefacts magiques se négocient sous le manteau et il n’est pas rare que le promeneur parisien croise un elfe ou un dragon sur les bords de Seine. Vous pouvez également aller faire quelques courses ou passer à la bibliothèque dans l’OutreMonde simplement en grimpant dans le Métropolitain…
Bédéphile averti comme tu l’es, tu te doutes bien que ce ne sont pas les romans qui m’amènent à toi mais leur adaptation en bandes dessinées. Pour être honnête, pourtant férue de SF, je n’ai pas lu Pierre Pevel et suis bien incapable de te dire si l’adaptation est fidèle. Pierre Pevel signe ici néanmoins les dialogues et a collaboré avec Etienne Willem qui signe, lui, le scénario à partir des romans, et bien sûr les dessins. J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir l’auteur et dessinateur de Vieilles bruyère et bas de soie (que je vous conseille d’ailleurs aussi vivement !). Détails à scruter dans chaque vignette et expressivité des portraits sont toujours au rendez-vous. Un régal que ses dessins.
Il nous livre sur une centaine de planches les tribulations de Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage et gentleman, enquêteur à ses heures, et d’Isabel de Saint-Gil, fée renégate, espionne et monte-en-l’air de haut vol qui ne lui est pas indifférente… Entre affaires privées et complots dans les plus hautes sphères dirigeantes, pas le temps de roupiller durant cette lecture ! La galerie des personnages secondaires est savoureuse ; le flegmatique majordome de Griffont, les policiers (qui ne sont pas sans rappeler les Brigades du Tigre), la Reine Noire et ses sbires, gargouilles et sorciers, le dragon bibliothécaire à l’apparence humaine… sans oublier Azincourt, chat ailé, à la capacité stupéfiante de s’approprier le contenu d’un livre en s’endormant dessus ! Une intrigue bien ficelée et des personnages croqués avec élégance, humour et légèreté ; combo réussi qui les rend très attachants. Le travail, très fouillé, sur les décors transporte directement dans le Paris haussmannien autant que dans les manoirs de campagne, dans les landes oniriques du Dragon Passeur que dans la grande salle des audiences de la cour d’Ambremer. Les détails des costumes et des coiffures facilitent également l’immersion dans cet univers étonnant. La mise en couleurs, brillante, est l’œuvre de Tanja Wenisch. Couleurs vives et contrastées, elle contribue à l’esthétique particulière de ces deux volumes ; que serait Isabel de Saint-Gil sans sa chevelure de feu et sa robe verte à la mise impeccable !!!? Une mention spéciale pour moi pour les couvertures au design Art Nouveau, dont j’adore le petit côté Alfons Mucha, tout en arabesques argentées pour le premier tome et laitonnées pour le second.
Bref, ce « Paris des Merveilles » est, en plus d’une enquête policière, un dépaysement féérique garanti !
Chronique de Louna Angèle.


© Drakoo, 2023.
Mmmh déjà les illustrations sont magiques mais en plus j’ai lu les romans et j’ai bien envie de retrouver les personnages dans un autre cadre.
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