Il était une fois un vampire au nom germanique, Heinrich. Le revenant croisa mon chemin lors d’une froide journée de novembre 2000. Depuis ma rencontre avec ce bellâtre ressuscité, devenu Chevalier Requiem , je n’ai cessé de le poursuivre ainsi que son maître graphique, Olivier Ledroit.
J’ai approché des sorcières avec Sha, enquêté sur un serial killer dans Xoco, accompagné lors de sa quête la jeune Wika aux ailes coupées et côtoyé Michael dans la dernière réalisation de l’auteur, Le troisième œil, dont deux tomes sont parus entre 2021 et 2022. Ce héros visualise les sons sous la forme de couleurs et de figures géométriques. Là, j’ouvre une parenthèse pour ceux que ça intéresse et je sais que vous êtes des milliers. Pour ma part, je dote certaines personnes que je connais ou croise, d’un morceau de musique qui lui est propre ». Fin de la parenthèse. Toutes ces entités, à l’évidence d’une authentique noirceur, ont illuminé ces 24 années de ma vie et elles vont y contribuer, je l’espère encore longtemps. Je l’avoue, je suis totalement passée au travers des cinq volumes des Chroniques de la Lune noire qu’Olivier Ledroit a réalisés avec François Froideval. Il en dotera par la suite, de son trait, uniquement les couvertures. Cela est probablement dû au fait qu’à la parution du premier tome en 1989, je débutais tout juste en tant que libraire dans une enseigne qui n’avait que très peu de bandes dessinées…
Pour les personnes qui me connaissent, rien ne me prédisposait à être attirée par Requiem Chevalier Vampire, bien trop rouge à mon goût. Certainement, la jeune gothique que j’étais adolescente et qui l’est restée un peu au fond d’elle-même, ne pouvait passer à côté du splendide être obscure avide de sang. J’ai rêvé maintes et maintes fois que l’un d’eux vienne poser ses lèvres sur mon cou et qu’il y plante ses crocs. Mais vous foutez quoi bon sang ? J’attends toujours. En juin 2023 arrive l’ultime réédition de cette série culte et nous allons enfin découvrir l’avant dernier volume fin avril. Ces treize albums ne devraient pas sonner le glas des aventures de l’ami Heinrich. Effectivement, si Pat Mills ne se voit pas repartir pour un nouveau cycle, les deux artisans imaginent des one-shot sortis tout droit de cet univers.
Au mois de mai de l’année passée, j’ai eu le plaisir de me rendre à Paris à la Galerie Barbier le tout dernier jour de l’exposition « Belles de nuit ». J’ai eu le privilège de rencontrer l’invité d’honneur et d’échanger un moment avec lui. J’ai pu y admirer des originaux sensuels et sublimes. Je suis repartie les yeux emplis de paillettes, en possession d’une somptueuse dédicace et de l’artbook Mélancolie.
Cerise sur le gâteau, on m’a offert le superbe skateboard de la femme aux tentacules que je convoitais pour ma collection de céphalopodes.
Peintre – sculpteur- illustrateur, Olivier Ledroit est créatif et à l’aise dans chacun de ces domaines. Il réalise ses dessins sur des planches allant du format A3 à d’autres de plus d’un mètre. Les illustrations du troisième œil ont été couchées sur des feuilles de 50/70. Dans ses diverses compositions, il a même effectué de très jolis éventails. Il utilise principalement l’aquarelle, une technique qu’il maîtrise à la perfection. Pour la trilogie Wika, il les a ornées de dentelle et de pièces de métal. Si on le connaît surtout pour ses créations d’un genre médiéval-fantastique, son œuvre est indiscutablement variée : des nus, du bandage, des ébauches asiatiques représentant la période Edo, ou des portraits. Si vous ne connaissez pas encore ce grand artiste, je vous conseille de partir à la découverte de ses différents recueils, ils vous permettront de réaliser à quel point ses élaborations sont hétéroclites : Fées & amazones – « Belles de nuit » et le dernier publié, « Au-delà des contrées du crépuscule », trois titres parus aux Éditions Glénat BD. Et pour ceux qui cherchent un peu de douceur, les deux volumes de L’univers féerique chez Éditions Daniel Maghen.
Olivier Ledroit est une personnalité au grand cœur, abordable et généreuse. Cette année il l’aura prouvé d’une manière toute différente en créant une association BD et autisme ainsi qu’un concours ouvert uniquement aux personnes TSA. Les prix furent remis au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême et les œuvres visibles à l’exposition consacrée au Chevalier Vampire. Cette initiative me touche d’autant plus que ma fille est diagnostiquée du spectre en question. Il ne me reste plus qu’une chose à dire, merci pour tout cela !
Chronique de Nathalie Bétrix


